Fin mai, l’ancien chargé de mission du cabinet présidentiel français s’est entretenu avec Umaro Sissoco Embaló dans un grand hôtel parisien, en compagnie d’un membre actuel de l’état-major particulier de l’Élysée, Ludovic Chaker, rapporte le journal en ligne Mediapart.
Alexandre Benalla, Umaro Sissoco Embaló, élu en décembre dernier à la tête de la Guinée-Bissau et Ludovic Chaker, ancien militaire et premier Secrétaire général du mouvement En Marche en 2016, se sont rencontrés au Sofitel Baltimore, un palace proche de la tour Eiffel. Ludovic Chaker est également un ancien militaire du 44e régiment d’infanterie et réputé proche des milieux de renseignement. Joint par Médiapart, Umaro Sissoco Embaló a confirmé cette rencontre, sans toutefois révéler le contenu des échanges.
Alexandre Benalla agit-il toujours pour le compte de l’Élysée?
La cellule diplomatique de l’Élysée pour sa part, affirme ne pas avoir été informée de cette entrevue « ni en amont ni en aval ». Le contenu des discussions reste donc nébuleux.
Dans une décision de mars 2019, la Commission de déontologie de la fonction publique française (CDFP) a interdit à Alexandre Benalla d’entretenir « toute relation professionnelle avec les collaborateurs [de l’Elysée] qui étaient en fonction lorsqu’il l’était lui-même », et ce jusqu’en août 2021. Toutefois, Umaro Sissoco Embaló soutient que la rencontre avec les deux hommes, qu’il surnomme « mes jeunes frères », revêtait un caractère « amical ». « Benalla, c’est un jeune que je connais depuis des années […] Chaker, je le connais depuis longtemps », a par ailleurs assuré le Président bissau-guinéen. « J’avais le Covid, qui a failli me tuer. Quand j’étais malade, s’ils n’étaient pas passés me voir, j’aurais été fâché », a-t-il ajouté.
Benalla et Chaker, compagnons de longue date
Ludovic Chaker et Alexandre Benalla forment un tandem bien connu. Le premier a en effet recruté le second pour En Marche. Intégré ensuite au sein de l’état-major particulier de l’Élysée en 2017, Ludovic Chaker est resté proche d’Alexandre Benalla. Ce, même après l’éclatement de l' »Affaire Benalla », lorsque l’ex-chargé de mission avait été identifié par le quotidien Le Monde en juillet 2018 comme l’homme habillé en policier ayant agressé un couple de manifestants le 1er mai. En novembre de la même année, Ludovic Chaker avait dit avoir revu Benalla « à plusieurs reprises, le temps d’un café », « pour s’assurer qu’il allait bien et parler de l’affaire de manière informelle ».
Benalla et les Chefs d’État africains
Alexandre Benalla avait été reçu par le Président Idriss Déby en décembre 2018, quelques jours avant une visite officielle d’Emmanuel Macron au Tchad, dans le cadre d’une tournée. Une fois écarté de l’Élysée, l’ancien chargé de mission a créé une entreprise de sécurité et d’intelligence économique, et avait utilisé lors de cette série de déplacements, un passeport diplomatique qu’il aurait pourtant dû restituer. L’utilisation illégale du document lui a valu une mise en examen pour « faux » et « usage de faux ».
Toujours dans le cadre de ce dossier, la justice française a récemment demandé son renvoi en correctionnelle.
En juin 2020, Alexandre Benalla avait affirmé respecter « complètement » l’avis de la CDFP en ne travaillant « pas pour la sphère publique, pas pour des clients nationaux en France » mais « à l’international » et seulement pour « des personnes physiques ou morales privées ».
Suite à son départ de l’Élysée, Alexandre Benalla a travaillé avec l’homme d’affaires franco-israélien Philippe Hababou Solomon. Ancien conseiller spécial de l’ex-Président sud-africain Jacob Zuma, Philippe Hababou Solomon mène des activités dans la diplomatie privée sur le continent africain pour le compte de gouvernements.
Rappelons qu’Alexandre Benalla a fait partie de l’intimité d’Emmanuel Macron et de sa femme Brigitte. Il appartenait même au « premier cercle » du Président français.
Teria News