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Sommet du G5 Sahel hier mardi 30 juin

En présence du président français Emmanuel Macron et de son homologue espagnol Pedro Sánchez qui ont fait le déplacement à Nouakchott, et avec la participation par visioconférence de partenaires internationaux de l’Union africaine, de l’Union européenne et des Nations unies.

Ce sommet du G5 Sahel a été marqué par une volonté de mettre en avant des « progrès », alors qu’à la défiance et l’hostilité des populations contre la force G5 Sahel, paradoxalement perçue comme une force exogène, s’ajoutent des contestations majeures contre Ibrahim Boubacar Keita au Mali, et contre les armées nationales maliennes et nigériennes, accusées d’exactions contre les civils.

Mardi à Nouakchott, les dirigeants réunis en sommet ont parlé de renforcement de Barkhane (500 soldats supplémentaires) portant l’effectif actuel à 5 100 hommes, d’améliorations au sein du G5 Sahel depuis la mise en place d’un état-major commun, et de succès militaires dans la zone des 3 frontières où des centaines de combattants de l’État islamique au grand Sahara (EIGS) ont été neutralisés. Soit, »des défaites irréversibles » selon des responsables français, en particulier avec la mort le 3 juin d’Abdelmalek Droukdel, le leader de l’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Emmanuel Macron s’est dit « convaincu que la victoire est possible au Sahel ». « Nous sommes en train d’en retrouver le chemin grâce aux efforts qui ont été consentis au cours des six derniers mois ». L’optimisme du président français tranche avec le ressenti des populations pour lesquelles les victoires avancées par Paris et le G5 sont abstraites. D’une part, parce que loin de se traduire dans leur quotidien par une amélioration de la situation sécuritaire, la déstabilisation du Sahel par des groupes rebelles fait toujours plus de morts, disparus, et déplacés. Les Nations unies estiment en effet que les attaques de groupes armés et les violences inter communautaires ont fait 4000 morts en 2019, soit 5 fois plus qu’en 2016. D’autre part, parce que les déclarations de victoires militaires des forces anti-terroristes ne sont presque jamais étayées par des images des corps des combattants tués.

Une réalité dont semble être conscient le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, qui a reconnu que « Les efforts se poursuivent, les progrès sont significatifs, mais restent insuffisants ». « Ce sommet de Nouakchott nous a offert l’occasion d’échanger autour de l’évolution de la situation sécuritaire dans la région. A la lumière non seulement de la recrudescence de la violence en Libye et ses incidences négatives sur toute la sous-région, mais aussi de la dangereuse extension des terroristes à de nouvelles régions. » a-t-il poursuivi, en faisant référence à l’attaque de Kafolo, à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso le 11 juin dernier.Les réserves de Mohamed Ould Ghazouani sont partagées par d’autres sources françaises qui concèdent que « tous les progrès réalisés sont fragiles et pourraient être mis en péril si l’élan politique n’est pas maintenu ». De plus, selon le gouvernement français, « la situation est particulièrement préoccupante au Mali, dont les autorités ne discutent plus d’un plan de paix, reléguant au second plan la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger ». Dans ce contexte sécuritaire sensible et avec le défi sanitaire que pose la pandémie de Covid-19, le Burkina Faso entrera en campagne présidentielle en fin d’année. Un scrutin dont plusieurs zones devraient être exclues et dont l’issue devrait être contestée.

Outre le versant militaire de la lutte anti-terroriste, il était également question de faire le bilan de la mise en œuvre des trois autres « piliers » de la Convocation de Pau du 13 janvier dernier, notamment l’aide au développement, le redéploiement des États et autonomisation des armées nationales.

Seulement, entre temps est survenue la double crise sanitaire et économique de Covid-19, qui, malgré les efforts consentis par les États de la région, en creusant les déficits publics, a révélé les limites de leur capacité d’intervention. À cet égard, le président mauritanien a appelé à l’annulation de la dette des pays les plus pauvres. « La question de la dette extérieure des pays pauvres s’est posée comme problématique majeure dans l’agenda de la diplomatie nationale. Le G5 a lancé un appel pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, qu’il a réitéré lors des différents Forums internationaux. Le moratoire décidé par le G20 au profit des pays africains constitue une avancée qui doit être saluée, mais nous pensons aussi qu’elle est insuffisante pour résoudre les problèmes liés à l’endettement excessif, fortement accentués par les conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19. » a déclaré Mohamed Ould Ghazouani.

En outre, le communiqué final du sommet rappelle la nécessité d’accentuer la lutte contre l’impunité. À ce sujet, le Président du Conseil européen Charles Michel et le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres ont appelé au respect les droits humains. Le dernier a également souhaité un renforcement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Teria News

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