Pierre Nkurunziza s’est éteint lundi 8 juin, après 15 ans à la tête du Burundi et 25 ans en tant que protagoniste de la vie politique de ce pays des Grands lacs, tombé sous son leadership au rang des 3 pays les plus pauvres au monde.
Publiée mardi, l’annonce de la mort de Pierre Nkurunziza a assommé l’opinion, tant elle paraissait surréaliste. Et pourtant, le désormais ancien président burundais s’est bel et bien éteint lundi à l’âge de 55 ans.
« Je compatis à la douleur de la famille, des militants du CNDD-FDD [le parti au pouvoir] et de tous les Burundais. Il nous laisse un héritage qu’on n’oubliera jamais et nous allons poursuivre son œuvre de grande qualité qu’il a réalisée pour notre pays, le Burundi », a commenté sur tweeter son dauphin Évariste Ndayishimiye, le nouveau président élu.
Le secrétaire général du gouvernement burundais a annoncé la disparition du président Nkurunziza, des suites d’une crise cardiaque à l’hôpital du Cinquantenaire de Karuzi dans le centre-est du pays. « Le gouvernement de la République du Burundi annonce avec une très grande tristesse aux Burundais et à la communauté internationale le décès inopiné de son excellence Pierre Nkurunziza, président de la République du Burundi, survenu à l’hôpital du Cinquantenaire de Karuzi, suite à un arrêt cardiaque », indique le communiqué. Bien que de nombreuses zones d’ombre demeurent, le communiqué gouvernemental livre quelques précisions sur les dernières heures de l’ex-président. Après avoir assisté à un match de volley-ball samedi 6 juin, Pierre Nzurunziza « a senti un malaise et s’est vite rendu à l’hôpital de Karuzi pour se faire soigner », « son état de santé s’est amélioré » dimanche, mais il a subit un arrêt cardiaque lundi 8 juin, suite auquel, « une réanimation immédiate a été entreprise par une équipe multidisciplinaire de médecins pendant plusieurs heures avec une assistance cardio-respiratoire ». « malgré une prise en charge intense, continue et adapté, l’équipe médicale n’a pas pu récupérer le patient », fini de détailler le communiqué. Dans la foulée de cette annonce, le gouvernement burundais a décrété 7 jours de deuil national. Ainsi, dès mardi, les drapeaux ont été mis en berne dans toutes les administrations, écoles et institutions sur l’ensemble du territoire national.
Des rumeurs de la mort de Pierre Nkurunziza circulaient depuis lundi, mais elles ont été fermement démenties par des personnalités gravitant autour du pouvoir, comme Willy Nyamitwe, son conseiller de longue date, qui, encore quelques heures avant l’annonce officielle du décès de l’ancien président, invitait les uns et les autres à faire « très attention à ce que la rue raconte sur le Burundi car la manipulation de l’information est devenue modus operandi ».
Pierre Nkurunziza a passé 15 ans au pouvoir, et 25 à modeler la vie politique du Burundi. D’abord dans le maquis en tant que membre de la rebellion hutu. Puis président depuis 2005, à la faveur d’une modification contestée de la Constitution, le qualifiant pour un troisième mandat en 2015, et au prix d’une répression brutale ayant fait plus de 1 200 morts et 400 000 déplacés. Enfin en tant que « Guide suprême du Patriotisme ».
Surnommé « Muhuzu », ou « le réconciliateur », Pierre Nkurunziza devait après la fin de son mandat, jouir d’une prime de plus de 300 milliards de francs CFA, d’une grande maison de fonction et d’un salaire. En octobre 2017, l’ancien président burundais avait suscité l’admiration des détracteurs de la Cour pénale internationale en se retirant du traité de Rome, un an après avoir notifié son départ à l’institution. Le Burundi est le premier pays africain à s’être émancipé de la juridiction controversée.
L’intérim du pouvoir est assuré par le Président de l’Assemblée nationale Pascal Nyabenda, avant l’investiture d’Évariste Ndayishimiye en août prochain, pour un mandat de 7 ans.
Teria News