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Mali : Maintien du second tour des législatives dimanche 19 avril malgré la crise sanitaire causée par le Covid-19, et l’enlèvement du chef de l’opposition Soumaïla Cissé, ainsi que d’un négociateur

Le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), 70 ans, a été kidnappé le mercredi 25 mars au cours de sa tournée électorale dans le cadre de la campagne législative.

L’enlèvement a eu lieu dans sa région natale de Niafunké, près de Tombouctou, dans le nord du pays. Onze membres de sa délégation, également été kidnappés ont depuis été libérés. Après avoir joué un rôle prédominant dans leur libération, le maire de Koumaïra, Amadou Kalossi, a été à son tour séquestré. La date précise de son rapt n’est pas connue.

Les enlèvements de ces personnalités politiques de premier plan soulèvent un certain nombre de questions. Obéissent-ils une nouvelle stratégie des groupes rebelles? Si oui, pourquoi le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) se place-t-il encore derrière le dialogue national inclusif de décembre 2019 pour justifier le maintien du second tour des élections législatives? Ce nouvel enlèvement met-il un terme au négociation ? Enfin, faut-il s’étonner de ce qu’aucun membre du camp d’IBK n’ait jusque là été inquiété?

Peu d’informations filtrent et l’URD souhaite maintenir les choses ainsi. L’identité des ravisseurs comme la nature de leurs revendications demeurent floues. Toutefois, selon le ministre des Affaires étrangères Tiébilé Dramé, « plusieurs indices laissent croire que Soumaïla Cissé a été enlevé par des individus proches de la Katiba Macina », une piste reprise par d’autres sources sécuritaires. Quant à la mobilisation pour sa libération, l’ancien président du haut conseil islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, qui a fait ses preuves en tant que négociateur pour la libération de nombreux otages, s’est engagé à user de ses talents et de son réseau en faveur de Soumaïla Cissé. Deux cellules de crises ont été mises sur pied. Au niveau de l’URD, le Pr Salikou Sanogo, vice-président du parti, a déclaré que la cellule de crise n’a aucun contact avec les ravisseurs du président de sa famille politique. Le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a nommé l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi MAIGA à la tête de la cellule de crise nationale installée qu’une semaine après l’enlèvement du leader de l’opposition.  » Soumaïla Cissé et Amadou Kalossi sont-ils ensemble ? Nous n’avons pas de réponse « , déclare Salifou Sanaogo, vice-président de l’URD.  » On ne sait pas ce que fait le gouvernement à ce propos « , confie Salifou Sanogo, membre de la cellule de crise montée par les autorités.

Dans ce contexte exceptionnel, l’URD a tout de même maintenu sa participation au premier tour des législatives, mais pourrait cette fois-ci décider de se retirer du processus électoral. Seulement 35,73 % des électeurs inscrits s’étaient alors déplacés pour voter. Un chiffre encore plus bas dans les six communes de Bamako, et un « défi à relever pour la démocratie malienne » a admis le ministre malien de l’Administration territoriale. Sur les 147 sièges à l’Assemblée nationale, 17 ont été occupés dès le premier tour. Le Rassemblement pour le Mali (RPM), parti au pouvoir, emporte huit sièges, dont quatre dans la région de Kidal (tenue par les rebelles). L’URD obtient pour sa part trois sièges et son chef Soumaïla Cissé est parmi les candidats élus dès le premier tour, justement à Nianfunké.

Les ravisseurs ont accepté que l’otage reçoive des médicaments. Tout comme les ex-otages, Aïssata Traoré Cissé, épouse de Soumaïla Cissé, s’est installée à Nianfunké et refuse de rentrer à Bamako. Il faut souligner que le 7 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé la  » libération rapide  » du leader de l’opposition malienne.

Le maintien polémique du second tour du scrutin législatif le dimanche prochain engage la responsabilité du gouvernement sur le plan sanitaire, et jette un profond trouble sur le processus démocratique.

Teria News

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