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Offensive du Trésor américain contre la Russie en Afrique

Nouvel ultimatum des États-Unis à l’Afrique. Le Trésor américain lance une campagne contre les entreprises et individus, sur le continent, qui entretiennent des relations économiques avec la Russie. Mais avec cette tentative de tordre le poignet à l’Afrique, Washington renforce l’alliance géopolitique entre le Sud global et l’Est.

Malgré la neutralité observée par les pays africains lors de la majorité des votes tenus à l’Assemblée générale des Nations unies sur l’Ukraine et visant globalement à isoler diplomatiquement la Russie par une condamnation symbolique, les États-Unis poursuivent leur lobbying auprès des chancelleries africaines. Entre incitations et sanctions, Washington ne se refuse rien, en dépit du renouvellement en grandes pompes de ses vœux de bonne relation avec le continent africain à l’occasion du sommet États-Unis – Afrique de décembre 2022 et via les visites d’officiels américain comme Antony Blinken et Kamala Harris au premier trimestre 2023.

Nouvelle tentative de tordre le poignet à l’Afrique

Selon l’Associated Press, le ministère américain des Finances se prépare à envoyer une équipe de hauts responsables pour faire pression sur les pays et les entreprises africains qui font des affaires avec la Russie. Le mandat de ces émissaires : exiger que les relations commerciales avec la Russie soient rompues. Selon l’agence de presse, les entités et individus qui poursuivront leur partenariat avec la Russie se verront poser un ultimatum : entretenir de bonnes relations économiques avec Moscou ou commercer « avec des pays qui représentent 50% de l’économie mondiale ».  

Ainsi, en plus de parler pour des États-Unis, le Trésor américain agit également pour le compte de ses alliés occidentaux, principalement les membres du G7 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon et Royaume-Uni). Or, le centre de gravité de l’économie mondiale s’est déplacé de l’Ouest à l’Est. En effet, estimé à 30.7%, et non à 50% comme avancé par Washington, le poids économique des pays du G7 vient d’être dépassé par celui des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui désormais, représentent 31.5% du PIB global. Tirée par la croissance de la Chine et de l’Inde, désormais champion démographique mondial, cette tendance devrait de plus se renforcer dans les prochaines années, limitant de facto la capacité de l’Occident à faire pression sur le Sud global, auquel s’ouvrent aujourd’hui de nombreuses alternatives de coopération.

Washington renforce l’alliance entre le Sud global et l’Est

Les indiscrétions d’Associated Press ont été obtenues sous condition d’anonymat des hauts responsables du Trésor américain cités. Amitié et vassalisation ne seraient pas mutuellement exclusifs selon la doctrine américaine des relations internationales. Prisonnier de son complexe de puissance et d’un déni de réalité face à la multipolarité émergente du système international, Washington recycle les méthodes d’un autre temps, ce qui, d’une part, accentue le clivage entre l’Occident et le Sud global et d’autre part, consolide l’alliance géopolitique entre ce dernier et l’Est, porté par le couple Chine-Russie.   

Pour Washington, ces sanctions pourraient également être un moyen de ressusciter l’esprit de la loi contre les « russophiles » en Afrique, le Countering Malign Russian Activities in Africa Act, ou loi visant à « contrer les activités malveillantes de la Russie » qui « sapent les objectifs et les intérêts des États-Unis » étant en ballotage au Congrès. Le texte donne le pouvoir au secrétaire d’État américain de concevoir des stratégies pour parer à l’offensive russe en Afrique et pour faire plier le non-alignement.

Teria News

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