Kenya : naissance de l’Alliance fondatrice pour le Soudan, alliée au général Hemedti

Après avoir abrité la naissance de l’Alliance fleuve Congo (AFC), branche politique du M23, le Kenya a servi, mardi, de rampe de lancement à l’Alliance fondatrice pour le Soudan (AFS), nouveau visage politique des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti. Le Kenya de William Ruto, parrain des rebellions armées en Afrique ?

L’émergence, sur son sol, de mouvements de déstabilisation politiques, branches de groupes rebelles en Afrique de l’Est et centrale interroge, sur le rôle du Kenya. Après avoir accueilli le lancement de l’Alliance fleuve Congo (AFC), branche politique du M23 dirigée par l’ancien président de la CENI Corneille Nangaa, le pays a abrité, à la stupéfaction de nombreuses organisations de la société civile, la naissance de l’Alliance fondatrice pour le Soudan (AFS). Crée mardi 18 février à Nairobi, l’organisation se présente comme une plateforme alliée aux Forces de soutien rapide (FSR) soudanaises, dirigées par le général Hemedti. Rassemblant acteurs de la société civile, partis politiques et groupes armés, l’AFS ambitionne la formation d’un gouvernement parallèle à celui du général al-Burhane, basé à Port-Soudan.

De l’opportunité de la création de l’AFS

Pour certains acteurs du mouvement de l’AFS, la création de l’Alliance répond à un impératif pragmatique dicté par les réalités du terrain. Soit, le contrôle d’une partie du territoire soudanais par les FSR et la nécessité pour les « autorités » de facto de ces pans du pays, de les administrer politiquement et de disposer d’une structure pour interagir avec la communauté internationale.

Au regard de la temporalité du lancement de ce mouvement pro-Hemedti, l’avènement de l’AFS survient alors que la coalition de la société civile Taqaddum a explosé. De plus, bien que le général Hemedti soit sous sanctions américaines pour les crimes commis par sa milice au Darfour, le lancement de ce mouvement politique dans un pays allié de Washington intervient juste après la signature par le gouvernement al-Burhane d’un accord définitif pour la construction d’une base navale russe à Port-Soudan. Le document, qui fait de la Russie une puissance présente sur la mer Rouge, au même titre que les États-Unis, pourrait avoir précipité un renversement d’alliance géopolitique au profit du général Hemedti.

Nairobi, relai de potentats régionaux et proxy de l’impérialisme ?

« Aujourd’hui, nous accueillons des seigneurs de guerre […] Nous faisons la Une des journaux pour avoir découvert une nouvelle façon d’embarrasser la nation. »

Rigathi Gachagua, ancien vice-président kényan

Le Kenya, est-il devenu le relai régional de forces impérialistes ? C’est l’opinion d’acteurs politiques locaux et de la société civile qui désignent leur pays comme un « terrain fertile pour les insurrections étrangères ». « Nairobi est non seulement devenu le refuge des persona non grata, mais aussi la capitale de l’oppression transnationale », estime pour sa part Martin Mavenjina, avocat de la Commission kényane des droits de l’homme. Le général Hemedti avait déjà été reçu par le président William Ruto en janvier 2024.

Les opposants politiques régionaux en exil au Kenya ne sont par ailleurs plus en sécurité dans le pays. C’est notamment le cas de l’Ougandais Kizza Besigye. Kidnappé en novembre 2024 à Nairobi, il est réapparu quelques jours plus tard devant une Cour martiale de son pays.

Teria News

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