Donald Trump annonce une administration américaine de Gaza

L’opposition démocrate dénonce un « nettoyage ethnique ». Mardi, Donald Trump a annoncé son intention de prendre « le contrôle » de la bande de Gaza et de déplacer les Gazaouis vers la Jordanie et l’Egypte. La Chine dit s’opposer à ce plan « transfert forcé des habitants de Gaza ». Vers une seconde Nakba ?

Deux semaines après le cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, populations Gazaouies comme acteurs politiques régionaux n’avaient aucune visibilité sur l’avenir politique de l’enclave côtière. Mardi 4 février, la conférence de presse donnée par Donald Trump à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu a donné un aperçu de la vision des deux alliés pour le territoire défiguré par 15 mois de guerre.

Déplacer les populations Gazaouies et placer l’enclave sous administration américaine

« On parle probablement de 1,7, peut-être 1,8 million de personnes. Je pense qu’elles vont toutes être réinstallées dans des zones où elles peuvent vivre une belle vie sans avoir peur de mourir chaque jour ». « Nous ferons le nécessaire », ajoute-t-il en réponse à la question de l’envoi de troupes américaines. « Nous allons prendre le contrôle de cette partie et nous allons la développer, créer des milliers et des milliers d’emplois. […] Avec notre stabilité et notre force, en la possédant […], nous serons un bon gardien », dans l’intérêt de « tout le Moyen-Orient »

Donald Trump, président américain

Donald Trump a ainsi déclaré vouloir prendre « le contrôle » de la bande de Gaza dont les deux millions d’habitant pourraient être déplacés en Jordanie ou en Egypte. « Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes », a-t-il ajouté, en expliquant que les États-Unis allaient « aplanir la zone et raser les bâtiments détruits », dans le but de développer économiquement le territoire palestinien. Le président américain imagine Gaza comme un territoire prospère « Cela peut être tellement magnifique », a-t-il dit en évoquant les projets immobiliers de son administration pour l’enclave pour en faire « la riviera du Moyen-Orient ».

Benyamin Netanyahu a, pour sa part, salué un plan qui « peut changer le cours de l’histoire ». Le Premier ministre israélien applaudit d’autant plus les déclarations de Donald Trump, qu’elles s’alignent sur sa vision qui consiste à démanteler le territoire afin de poursuivre la guerre contre le Hamas et repousser le groupe armé loin des frontières d’Israël pour que Gaza « ne soit plus jamais une menace ». « Nous devons finir le travail. À Gaza, Israël a trois objectifs, détruire les capacités militaires et gouvernementales du Hamas, assurer la libération de tous nos otages et faire en sorte que Gaza ne soit plus jamais une menace pour Israël. », a-t-il rappelé, affirmant que « Donald Trump est le plus grand ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche ».  

Opposition des acteurs régionaux

Malgré l’optimisme de Donald Trump, l’Egypte et la Jordanie refusent toujours d’accueillir les déplacés Palestiniens. La Maison Blanche assure toutefois qu’elle parviendra à vaincre leurs réticences. La Caire et Amman craignent en effet que cet afflux de populations et l’infiltration du Hamas d’obédience frériste, combattue par tous les régimes de la région, ne déstabilise leurs régimes. Deuxième bénéficiaire de l’aide militaire américaine après Israël, l’Egypte est cependant dans une position délicate. Cette dépendance donne en effet un levier puisant à Washington pour infléchir la position du maréchal Al-Sissi.

Scrutée depuis la suspension du processus de ralliement aux accords d’Abraham aux lendemains du 7 octobre 2024, l’Arabie saoudite déclare pour sa part, qu’il n’ay aura pas de reconnaissance d’Israël sans État palestinien. Cette revendication, à laquelle s’oppose catégoriquement Benyamin Netanyahu, ne fait pas partie de la vision de Washington pour le peuple palestinien. Et n’a même pas été évoquée par Donald Trump.

L’autorité palestinienne, la Turquie ou la Chine rappellent que le déplacement de populations constitue un crime de guerre selon le droit international. Unilatéral, ce plan américain, sans l’accord des populations, consacre, une nouvelle fois le règne de la force sur le droit. Washington agit ainsi parce qu’il peut se le permettre, étant donné que les autres acteurs de la scène internationale n’ont pas les moyens de s’opposer à sa volonté et que, par ailleurs, les alliés de l’Amérique sont tétanisés par l’offensive commerciale de leur « grand frère ». Se faire trop audible ferait encourir le risque d’amplifier les tarifs douaniers contre leurs économies, notamment celles de l’Union européenne.

Rappelons que le plan décrit par l’administration Trump avait été défendu par son prédécesseur Joe Biden aux pays de la région au début de la guerre Israël-Hamas, contre allègement de la dette égyptienne. Il avait déjà été rejeté par Le Caire. Un demi-million de Gazaouis sont retournés dans le nord de l’enclave depuis la trêve conclue entre le Hamas et Tel Aviv.

Teria News

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