Escalade entre la RDC et le Rwanda après la prise de Goma par le M23

Rupture des relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda alors que le M23 (soutenu par Kigali) revendique le contrôle de Goma. « Aujourd’hui, on n’a même pas besoin d’envoyer des troupes au sol au Rwanda. De chez nous, nous pouvons atteindre Kigali. »  Félix Tshisekedi se déclare prêt à déclarer la guerre au Rwanda quand la Communauté d’Afrique de l’Est annonce un sommet extraordinaire.

Ces derniers jours ont vu l’accélération de l’offensive du M23, armé et financé par le Rwanda, sur Goma, suite à l’échec d’une médiation entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda sous l’égide de l’Angola. Des affrontements violents opposent la milice aux Forces armées congolaises autour de la localité, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, encerclée par 3.000 à 4.000 soldats rwandais présents dans l’est de la RDC, en plus des combattants du M23 qui revendique désormais le contrôle de la ville où sévit également une crise humanitaire majeure.

Avec un million d’habitants, Goma accueillerait, après l’afflux causé par les déplacements de populations en périphérie de la ville, un million de réfugiés. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le nombre de personnes déplacées par les combats s’élève à 400 000, rien qu’en janvier 2025. Les ressources en eau et électricité de la capitale provinciale, déjà limitées, se sont davantage raréfiées.

Vers un conflit inter-étatique direct entre la RDC et le Rwanda ?

Cette offensive du M23 marque une escalade diplomatique entre Kinshasa et Kigali laquelle, menace de basculer vers un affrontement direct entre les deux pays. D’ores et déjà, la République démocratique du Congo a rompu ses relations diplomatiques avec le Rwanda et le président congolais s’est déclaré prêt à déclarer la guerre à son voisin. « Aujourd’hui, on n’a même pas besoin d’envoyer des troupes au sol au Rwanda. De chez nous, nous pouvons atteindre Kigali », a menacé Félix Tshisekedi sur un média local. Par ailleurs, le gouverneur du Nord-Kivu, le général Peter Cirimwami, a été tué vendredi sur le champ de bataille aux côtés de 13 casques bleus et soldats étrangers.

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Organisations régionales (CAE) et ONU appellent à la désescalade

« Le Kenya croit fermement qu’une solution durable ne peut être obtenue que par l’engagement, un dialogue constructif et un renouvellement de l’engagement pour la paix […] En conséquence, après consultation avec les chefs d’État de la région concernant cette situation grave, nous tiendrons un sommet extraordinaire de la Communauté de l’Afrique de l’Est dans les 48 heures à venir pour délibérer sur cette crise et définir la marche à suivre »

William Ruto, président en exercice de la Communauté de l’Afrique de l’Est   

Dimanche, le président Kenyan, William Ruto, également président en exercice de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire dans un délai de 48 heures et appelé à une plus grande implication de l’Union africaine dans le conflit : « L’Union Africaine ne doit pas rester passive face à cette crise qui s’aggrave », a-t-il exhorté. Paul Kagame et son homologue congolais auraient tous deux accepté de participer à la rencontre.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, pour sa part, s’est réuni en urgence dimanche pour évoquer la situation. « Alors que je me tiens devant vous, une attaque d’une gravité inouïe se déroule sous les yeux du monde », a, à cette occasion, déclaré la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, évoquant par ailleurs « une violation ouverte et délibérée » de la « souveraineté nationale » de la RDC. « C’est une agression frontale, une déclaration de guerre qui ne se cache plus derrière des artifices diplomatiques », a-t-elle ajouté.

Thérèse Kayikwamba Wagner a, de plus, exigé du Conseil de sécurité « des sanctions ciblées, y compris le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, non seulement contre les membres identifiés de la chaîne de commandement des forces armées rwandaises, mais aussi contre les décideurs politiques responsables de cette agression », ainsi qu’un « embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais, en particulier le coltan et l’or ».

Plus tôt, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres a, pour la première fois, interpellé la responsabilité du Rwanda, se déclarant « profondément préoccupé par l’escalade de la violence » avant d’appeler « les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC ». Alors que les capitales régionales et globales appellent à la désescalade, le M23 a ouvert un nouveau front dans la province du Sud-Kivu, selon la MONUSCO.

Pour aller plus loin : les minerais stratégiques au coeur du conflit à l’est de la RDC

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