Donald Trump : Une prestation de serment toute en dualité

Il met fin à la théorie du genre avec l’affirmation qu’il « n’y a que deux sexes, masculin et féminin », au droit du sol pour les migrants illégaux, retire les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et de l’OMS : dès son discours d’investiture Donald Trump donne le ton. Celui d’un homme pressé, investit d’une mission divine : redonner sa grandeur à l’Amérique. Ceci, même au prix de l’annexion de territoires souverains comme le canal du Panama. Trump II : un retour décomplexé pour le meilleur et le pire.

Lundi, au réveil, l’impression de bascule dans un nouveau monde imprégnait les esprits d’observateurs, comme d’acteurs de la vie publique. Le retour de Donald Trump au pouvoir marquera sans doute un changement durable de paradigme sur la scène globale, mais devrait également instiller le changement sur divers espaces politiques nationaux, à l’image de sa première présidence laquelle, a vu émerger une tendance stable de gouvernements populistes d’extrême droite et protectionnistes.

Loin d’être une erreur ou un bégaiement de l’Histoire, l’avènement de Donald Trump au pouvoir en 2016 ouvrait une nouvelle ère dont les limites s’étendront sur le temps moyen, voire le temps long. Elle signe en effet la revanche des laissés pour compte, invisibilisés de la mondialisation dite heureuse et des valeurs traditionnelles reléguées au second plan par une culture progressiste conquérante et repue de sa propre arrogance.

Trump, une lame de fond de l’Histoire

Elites mondialisées et tenants du wokisme se sont enfermés dans une bulle spéculative, entretenue par des canaux de diffusion de masse, bercés par les illusions de leurs œillères sur les tendances de fond qui traversent leurs sociétés. La revanche des oubliés de cette page de l’Histoire est terrible. Elle a enfanté Donald Trump, Georgia Meloni, donne des ailes à l’AFD allemande, maintient au pouvoir un Viktor Orban, galvanisé par la victoire de son modèle de l’autre côté de l’Atlantique et ne manquera pas de renégocier, peut-être même de renverser des normes et principes qui semblaient acquis. Ce, à l’instar de la lutte multilatérale contre le réchauffement climatique durablement ébranlée par le nouveau retrait, dès le lundi 20 janvier, des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et le « Drill, baby drill » (Fore, chérie, fore) adressé à l’industrie pétrolière par leur nouveau chef de l’exécutif à travers une série de décrets présidentiels (executive orders). Mais aussi de la coordination des politiques sanitaires avec un retrait des États-Unis de l’OMS dont Washington était le premier contributeur.

Dès lors, c’est plutôt le mandat de Joe Biden qui apparait comme la parenthèse d’une normalité politique révolue et le retour de Donald Trump comme la confirmation d’une nouvelle orientation donnée à l’Histoire par les peuples. Pour le meilleur et pour le pire.

Un discours tout en dualité

Attendue depuis sa victoire en novembre 2024, l’investiture du 47e président des États-Unis était, dans un certain sens, une formalité au vu de l’influence de Donald Trump, devenu, de sa résidence de Mar-a-Lago, le véritable métronome de la politique globale, le centre de gravité du pouvoir ayant quitté la Maison Blanche, dès la défaite de la candidate Démocrate Kamala Harris.   

La prise de parole du nouveau président américain était empreinte de solennité, convaincu qu’il est d’être investit d’une mission d’ordre divin : celle de redonner sa grandeur à l’Amérique érodée par l’État profond dont les allégeances douteuses s’opposent aux intérêts des Américains. Plébiscité il y a deux mois par le vote populaire, Donald Trump a été porté au pouvoir par ses concitoyens pour lutter contre l’inflation, juguler l’immigration illégale et plus spécifiquement par sa base MAGA (Make America Great Again) pour contrer le wokisme, notamment soutenu par la théorie du genre, balayée d’un revers de la main par le nouveau chef de la Maison Blanche déclarant : « Il n’y a que deux sexes, masculin et féminin ». Afin de faire baisser les prix, le président américain a déclaré l’urgence énergétique pour s’appuyer sur « une énergie américaine abordable et fiable ». La réponse à la crise migratoire est du même ordre : un décret présidentiel déclarant l’« état d’urgence » à la frontière sud avec le Mexique, le classement les cartels de drogue comme organisations terroristes et la fin au droit du sol pour les enfants nés de parents en situation illégale. En l’espèce, ces décrets testent les limites de la législation en cours et inaugurent une bataille judiciaire avec les organisations de défense des droits civiques qu’il appartiendra à la Cour suprême d’arbitrer.

Parallèlement aux promesses adressées aux minorités Noires et Latino-Américaines de faire nation, en vertu de la confiance qu’elles lui ont accordée en novembre dernier, l’inauguration de Donald Trump a aussi été un moment d’affirmation d’un expansionnisme et impérialisme Américain débridé. Le président américain a en effet réédité sa volonté d’annexer le canal du Panama et de rebaptiser le golfe du Mexique « golfe de l’Amérique ». Rendre à l’Amérique son lustre perdu aura sans aucun doute un coût pour ses voisins, comme pour ses plus proches alliés.

Wuldath Mama

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