Mali : l’ancien Premier ministre Choguel Maïga accusé de détournements

Choguel Maïga dans le viseur du Bureau du vérificateur général (institution chargée de contrôler les dépenses publiques) pour malversations financières, notamment une enveloppe de 20 milliards de francs CFA jamais remboursée. Quelques semaines après son limogeage, l’entourage de l’ancien Premier ministre dénonce un complot.

Au-delà des montants, conséquents, évoqués par le Bureau du vérificateur général (BVG), c’est la temporalité des accusations portées contre Choguel Maïga qui soulève le plus de questions. Un peu plus d’un mois après son limogeage en Conseil des ministres, conséquence de sa saillie contre le régime d’Assimi Goïta, l’ancien Premier ministre malien se voit accablé par plusieurs accusations de malversations financières. Ces dernières témoignent-elles de la bonne marche d’une institution en charge du contrôle des dépenses publiques ou de l’instrumentalisation de leviers de l’État à des fins politiques ?

Un rapport accablant contre l’ex Premier ministre

Dans un rapport rendu le 30 décembre dernier, le BVG énumère un certain nombre de flux financiers douteux approuvés par Choguel Maïga alors qu’il était en fonction. Le premier, et le plus grave, la validation d’un prêt de 20 milliards de francs CFA de l’Agence de Gestion du Fonds d’Accès Universel (AGEFAU), dont il assurait la fonction de Président du Conseil d’Administration (en vertu de sa nomination à la primature), au Trésor Public en 2020. Initialement destinés à financer la riposte sanitaire contre la COVID-19, ces fonds furent détournés pour payer des salaires de fonctionnaires. Si Choguel Maïga n’a pas initié cette demande, effectuée avant sa prise de fonction en juin 2021, il l’a approuvée. Le prêt n’a jamais été remboursé, précise le BVG.

Par ailleurs, le Vérificateur, épingle également la responsabilité de l’ex Premier ministre dans des « dépenses indues au profit du personnel ». Il est notamment question d’abonnements téléphoniques pour près de 13 millions de francs CFA, du non-reversement de redevances destinées à l’ORTM pour plus de 92 millions de francs CFA ou encore d’équipements manquants dont des ordinateurs destinés à des écoles, pour un montant avoisinant 15 millions de francs CFA. Le BVG évoque en outre des attributions ou exécutions de marché douteuses.

Il faut tuer le soldat Maïga

Associé à la gouvernance du pays sans toutefois être invité à prendre part aux processus décisionnels, Choguel Maïga a assumé la fonction politique de faire-valoir civil du régime militaire. Resté en marge de l’antre du pouvoir, demeuré aux mains des militaires, il n’a jamais appartenu au cercle rapproché, encore moins à l’intimité des colonels, en particulier du président Assimi Goïta.

Simple complice ou instigateur ? Que les distances placées entre la primature et le centre de gravité du pouvoir n’aient pas été suffisantes à dissimuler des zones d’ombre de la gouvernance militaire à l’ancien Premier ministre, nécessitant de la part des autorités maliennes d’être les premières à lancer les hostilités, ou que les ambitions, non dissimulées, bien que compromises par ses choix politiques, de l’ancien leader du M5 dérangent dans la perspective de l’après Transition, reste que Choguel Maïga est jugé assez nuisible pour faire l’objet d’une campagne publique, et même étatique de dénigrement. En effet, difficile de concevoir, en particulier à la lumière de la répartition effective du pouvoir au sein du régime, qu’il puisse porter seul la responsabilité de de malversations financières si lourdes. Informé par le Vérificateur, début décembre 2024, des investigations lancées, Choguel Maïga avait alors dénoncé « des plans » et « des histoires » et assuré : « Moi, j’ai une conscience claire. »

Teria News

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