Guinée : les forces vives de la nation opposées à l’avant-projet de Constitution

Elles promettent de croiser le fer contre le pouvoir de Mamadi Doumbouya. Les forces vives de la nation dénoncent l’opération de vulgarisation de l’avant-projet de Constitution comme une campagne visant à préparer la candidature du désormais « général d’armées », permise par le nouveau texte.

L’avant-projet de Constitution fait en effet sauter l’interdiction faite aux membres de la Transition de se présenter aux élections devant clôturer la période de Transition. Prévue s’achever à la fin de l’année 2024, son terme a été repoussé d’au moins un an par les autorités guinéennes. Si ce bouleversement par le régime du chronogramme initial de la Transition, sans consultation populaire, avait déjà provoqué le mécontentement de la société civile et des partis d’opposition, la candidature probable du colonel Mamadi Doumbouya, autopromu « général d’armées », suscite l’ire des forces vives de la nation guinéenne.

Dans ce climat de défiance entre les autorités et la société civile, la campagne de vulgarisation de l’avant-projet de Constitution entamée il y a une semaine par le Conseil national de transition, est reçue par ces dernières comme une provocation. Elles y voient un prétexte à la préparation des esprits par le gouvernement, à la candidature du chef de la Transition.

Une Constitution de complaisance ?

L’argumentaire des membres des forces vives de la nation guinéenne repose sur une disposition phare de la Charte de Transition, évacuée dans le nouveau projet de Constitution. En effet, l’article 46 de la Charte qui excluait toute candidature aux élections des autorités militaires du CNRD, n’a pas été inclus dans le nouveau texte. Or, ses dispositions fondaient la confiance du peuple guinéen en l’intégrité des hommes de Mamadi Doumbouya garantissant que ces derniers ne cèderaient pas aux attraits du pouvoir et que leur mandat n’était motivé que par la transition vers une ère post-Alpha Condé caractérisée par un coup d’État institutionnel et une dérive autoritaire.

Ainsi, la caducité de cette assurance fait automatiquement basculer la perception populaire du régime de Mamadi Doumbouya, désormais classé dans les méandres des classes politiques sous-régionales avides de pouvoir.

Préparation à la mobilisation et au boycott

« Nous demandons à tous les Guinéens de ne pas s’y associer, de se mobiliser et de se préparer. Nous prendrons toutes les mesures que la loi nous reconnaît, c’est-à-dire des manifestations pacifiques pour sortir de cette Transition et empêcher les autorités de la Transition de participer aux futures élections »

Rafiou Sow, président du Parti du Renouveau et du Progrès

À l’image de Moussa Baldé, les forces de vives de la nation appellent les autorités, installées après le coup d’État du 5 septembre 2021, à ne pas répéter les erreurs de l’ancien président Alpha Condé. « Nous avons refusé qu’Alpha Condé se présente pour un troisième mandat, et ce n’est pas un putschiste qui vient de prendre le pouvoir par les armes que la Guinée va laisser faire. Nous sommes en Guinée et nous nous battons pour la démocratie depuis longtemps. Donc nous ne laisserons pas les autorités de transition nous faire le coup », a-t-il prévenu.

Outre la question de la candidature des dirigeants de la Transition, l’avant-projet de Constitution, présenté en juillet dernier, prévoit une réforme des institutions guinéennes. Elle instaure le bicaméralisme parlementaire, l’éducation gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans et encadre les pouvoirs du président de la République.

Teria News

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