D’ici 2050, les Blancs représenteront moins de 50% de la population totale des États-Unis. Cette marche inexorable vers la minorité démographique est au cœur de l’angoisse d’une grande partie des électeurs Américains, majoritairement pro-Trump. Et si l’extrême violence politique actuellement observée, s’expliquait par le désarroi de l’Homme Blanc face à sa propre extinction ?
Election Day aux États-Unis, le monde se met à l’heure américaine. Si tous les quatre ans les regards à travers le globe se tournent vers le scrutin présidentiel en Amérique, rarement une élection n’a semblée aussi lourde de conséquences, autant pour ses habitants que pour le reste de la planète. Ce qui parait se jouer ce mardi 5 novembre, et plus exactement depuis le mois de septembre, début du vote anticipé plébiscité cette année par 78 millions d’Américains, soit un tiers du corps électoral, dépasse le choix d’un homme conservateur, protectionniste ou d’une femme progressiste, libérale à la tête du pays. Il semble davantage être question du basculement définitif vers un nouveau monde. Sans conteste, l’intérêt saisi par les observateurs, avertis et profanes, de par le monde, repose sur une lecture intuitive de l’histoire. Il y aura bel et bien un avant et un après novembre 2024, pour l’Amérique elle-même comme pour ses alliés et adversaires géopolitiques.
La mise en minorité des Blancs d’ici le milieu du siècle
Selon des projections publiées en novembre 2023 par le Bureau du recensement des États-Unis, la part de la population américaine Blanche et non hispanique sera pour la première fois inférieure à 50% d’ici 2050.
Actuellement, 58,9 % des résidents américains sont Blancs et non hispaniques. D’ici 2050, les résidents hispaniques représenteront un quart de la population américaine, contre 19,1 % aujourd’hui. Les Afro-Américains pour leur part, représenteront 14,4 % de la population, contre 13,6 % actuellement. Les Asiatiques enfin, représenteront 8,6 % de la population, contre 6,2 % aujourd’hui. Toujours au cours des années 2050, les Asiatiques dépasseront les Hispaniques en tant que groupe d’immigrants le plus important.
La fin du privilège Blanc, au cœur de la violence politique
L’élection de Donald Trump en 2016 avait, à juste titre, été analysée par la peur du déclin socio-économique de l’Amérique profonde dont les bastions industriels ont souffert d’avoir été abandonnés aux affres de la mondialisation, au détriment d’une politique volontariste et protectionniste. Une colère sourde que le candidat Donald Trump a su saisir et qui lui a permis de se propulser à la tête des États-Unis à la surprise générale des sondeurs et observateurs de la vie politique américaine.
Mais huit ans plus tard, il apparait clairement que la problématique est plus profonde. Au-delà de l’inflation dans l’alimentation (20%) et le logement (que ce soit l’accès à la propriété privée, composante essentielle du rêve américain ou simplement la location, 32%), impitoyablement opposée par les électeurs américains aux chiffres élogieux disséminés par l’administration Biden, l’adhésion à la personne de Donald Trump se fonde sur la peur, non pas seulement du déclin, mais de la disparition d’un ordre social construit sur le privilège Blanc. Dès lors, le candidat Républicain apparaît comme une valeur refuge contre les forces du changement qui relègueront ceux qui détenaient jusqu’alors le pouvoir, dans son acception la plus large, au statut d’observateur. Qu’elle soit articulée ou non par les électeurs Blancs trumpistes, cette angoisse de l’invisibilisation à travers la mixité, l’immigration, les taux de natalité plus élevés au sein des minorités ethniques, sous-tend la violence de leur engagement politique et en partie la guerre culturelle menée contre le wokisme.
Implacable, cette tectonique des plaques démographique, dessinant de nouvelles structures politiques et sociales, sera difficilement contenue par un cycle électoral de quatre nouvelles années, que celui-ci soit marqué par le rouge du parti Républicain ou le bleu du camp démocrate. L’adaptation volontaire ou rétive des divers groupes ethniques et sociaux à cette nouvelle donne déterminera l’unité ou la désunion de la fédération des 50 États américains.
Wuldath Mama