Des entreprises russes bientôt au Mali pour explorer les ressources en hydrocarbures

Les fleurons industriels russes invités par le Mali pour explorer les ressources du pays en pétrole et en gaz. Au centre des intérêts : le bassin de Taoudéni au nord Mali au potentiel supérieur à 645 millions de barils de brut, mais également une des zones les plus riches en gaz naturel du continent africain.

Il a été l’objet de nombreuses spéculations, en particulier dans le cadre du conflit armé opposant l’État malien aux groupes rebelles du CSP-DPA, anciennement CMA et aux terroristes de l’EIGS et du JNIM. Les premiers contrôlaient une large partie du nord Mali à l’issue de l’insurrection armée de 2012, au sujet de laquelle le Premier ministre Choguel Maïga a, plusieurs fois, dénoncé la complicité de la France, alors présente à travers l’opération Serval, dans la sanctuarisation de la partie septentrionale du pays au profit des rebelles Touaregs.

Autant dire que le contrôle des vastes territoires désertiques du nord Mali est un enjeu aussi politique que stratégique. À celui qui exerce de facto l’autorité sur ces zones, revient également la possibilité de jouir d’immenses ressources en hydrocarbure certes, mais aussi en bauxite, lithium ou uranium. Au centre des intérêt se place le bassin de Taoudéni, à cheval entre le Mali, la Mauritanie et l’Algérie. Toutefois, le potentiel de trois autres gisements est également à l’étude : Tamesna, partagé avec le Niger, Nara et Gao Graben au centre du pays.

Un potentiel à peine exploré

En 1983, Exxon Mobil a estimé que le bassin de Taoudéni serait le plus prometteur du Mali. Toutefois ce dernier est convoité depuis les indépendances. Ainsi, De Gaulle en son temps, déclarait-il que le pétrole du Sahara était stratégique pour les intérêts de la France, pétrole qui se trouve essentiellement au Mali. En 2004 le pays s’est doté d’un code pétrolier suite auquel les zones d’intérêt ont été découpées en 29 blocs pour 700 000 km2. Elles ont été confiées à une quinzaine de compagnies étrangères en vue des opérations de prospective et de production dont la société australienne Baraka Energy, la Sonatrach (Algérie), Heritage Oil (Qatar) ou encore Statoil (Norvège).

Deux ans plus tard, une évaluation indépendante menée par le consultant RPS Energy a estimé que les cinq blocs exploités par la société Baraka Petroleum pourraient contenir jusqu’à 645 millions de barils de pétrole et 9 Tcf de gaz naturel (9 millions de millions de pieds cubes). Mais hormis quelques explorations dont les résultats sont, soit confidentiels, soit superficiels, le potentiel pétrolier et gazier de Taoudéni reste encore évaluer par l’État malien.

La Russie, un partenaire de confiance

Le régime d’Assimi Goïta ayant successivement écarté les partenaires occidentaux traditionnels du Mali, au premier rang desquels la France sur fond de soupçons d’agenda caché, d’autres partenaires dont la Russie ont été préférés par Bamako, non seulement dans le secteur sécuritaire, mais aussi dans les secteurs agricole ou énergétique. À cet égard, le Mali a annoncé en octobre 2023 avoir signé un accord de coopération avec la société russe Rosatom pour le développement du nucléaire civil. Toujours en matière énergétique, c’est encore la Russie qui a été choisie par les autorités maliennes pour explorer les ressources en hydrocarbures de son sous-sol.

« Nous avons même défini un calendrier dans lequel nous allons commencer. Une équipe russe est attendue fin octobre au Mali pour faire les premières prospections sur le terrain. La Russie va nous permettre d’avoir les ressources suffisantes pour assurer le financement du développement de tous les autres secteurs. », Alousséni Sanou, ministre malien de l’Économie

À cet effet, le Mali a engagé des pourparlers avec des sociétés russes comme Rosatom ou Tenex. Permises par le recouvrement de la souveraineté territoriale de l’État central sur le nord Mali, marqué par la prise de Kidal il y a environ un an par les forces armées maliennes, ces explorations ouvrent de grandes perspectives pour le pays. Les gisements miniers et d’hydrocarbures pourraient représenter une manne à même de financer le développement du Mali et permettre son essor économique.

Teria News

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