Tensions entre l’Algérie et la Russie : quel est le rôle d’Alger dans la déstabilisation du Sahel ?

Alger accusée d’avoir appuyé les rebelles du CSP, coalisés avec les terroristes du GSIM et de l’EIGS lors des premières heures de la bataille de Tinzaouatène. Ambiguë dans sa position à l’égard des Touaregs et de la reconquête par le Mali de sa souveraineté, le rôle de l’Algérie est au cœur de la percée des forces spéciales ukrainiennes au nord-Mali fin juillet.

Diffusé quelques jours après la violente attaque subie par les FAMa à Tinzaouatène le 25 juillet, où l’armée malienne et ses supplétifs russes ont essuyé de lourdes pertes, le communiqué des autorités maliennes évoque à demi-mots le rôle d’une puissance régionale. Située à l’extrême nord-Mali, la localité de Tinzaouatène et sa sœur jumelle à peine de l’autre côté de la frontière algéro-malienne, sont le symbole des réalités sociologiques partagées par l’Algérie et le Mali.

Deux pays, un destin partagé

1400 km de frontière au total séparent deux pays aux destins irrémédiablement liés. D’autant, qu’avant l’intervention de l’OTAN de 2011 qui a plongé l’État libyen dans le chao et déplacé des combattants extrémistes violents dans le sahel malien, la défaite des rebelles algériens à l’issue de la guerre civile qui a meurtri le pays jusqu’au début des années 2000, avait déjà poussé des djihadistes algériens à se réfugier de l’autre côté de la frontière, attisant le conflit historique entre l’État central et les multiples rebellions du nord Mali. Dès lors, toute divergence politique entre les autorités de part et d’autre influe sur la stabilité et la sécurité des deux espaces.

Depuis décembre 2023, ont éclaté au grand jour des tensions entre Alger et Bamako. La dernière reprochant au régime d’Abdelmadjid Tebboune une ingérence dans les affaires intérieures du Mali, notamment reflétée par le traitement préférentiel accordé à des dissidents maliens comme d’imam Mahmoud Dicko, alors reçu en audience par le président algérien. Cette crise diplomatique entre le Mali et l’Algérie et la défiance de Bamako à l’égard de son grand voisin du nord, ont poussé le gouvernement du colonel Assimi Goïta à dénoncer l’accord d’Alger début janvier 2024, vu comme une des portes de l’ingérence algérienne dans les affaires du Mali, et à renationaliser le processus de réconciliation inter-malien.

L’Algérie, base-arrière des terroristes du Sahel malien ?

Mais les évènements de ces derniers jours, plus particulièrement les violents combats à Tinzaouatène, ont réactivé les tensions entre les deux pays. Bamako indexe l’Algérie d’avoir servi de base-arrière aux groupes irrédentistes et terroristes qui ont formé une embuscade contre les FAMa dans la localité. Alliée du Mali à travers l’engagement d’Africa Corps (ex-Wagner) auprès de ses forces armées depuis 2022, la Russie interroge également la responsabilité d’Alger dans les renseignements dont disposaient les combattants maliens. Selon Maghreb Intelligence, les Russes soupçonnent même les autorités algériennes d’avoir ouvert leur espace aérien aux aéronefs ayant permis aux forces spéciales ukrainiennes d’être présentes au nord-Mali aux cotés des adversaires de Bamako.

Les questionnements sur le rôle de l’Algérie dans les difficultés du Mali à affirmer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et les revers diplomatiques essuyés par Alger l’isolent sur les scènes régionale et globale. Dans la région, après la reprise en main par Bamako de son dialogue national et suite au refus de son offre de médiation par le Niger au plus fort de la crise entre le CNSP et la CEDEAO. Sur la scène globale, le refus des BRICS d’admettre le pays dans leur club fermé au cours de l’élargissement de Prétoria en août 2023 a terni le prestige de l’Algérie. En outre, le revirement de Paris sur la question de la marocanité du Sahara occidental, dirigé par le Front Polisario et soutenu par Alger, fut également un coup dur porté à l’Algérie.

Teria News

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