Journée de la Femme Africaine : 62 ans de leadership panafricain

Cette semaine célèbre la Journée de la Femme Africaine. Elle marque la tenue de la « Conférence des Femmes Africaines » le 31 juillet 1962 à Dar es Salam. Une occasion de commémorer le rôle des femmes africaines dans l’histoire du continent et plus particulièrement leur contribution singulière aux mouvements de décolonisation.

Matrilinéaire dans une majorité de royaumes précoloniaux et d’essence matriarcale avant les mutations imposées par la colonisation, dans ses modèles de gouvernance comme dans son organisation sociale, l’Afrique a toujours accordé une place de choix à la femme. Le continent lui a longtemps reconnu un rôle unique, voire central, dans la société et lui a permis d’accéder à de nombreuses positions, aujourd’hui codifiées comme masculines après l’infiltration de valeurs patriarcales.

Organisée le 31 juillet 1962, à Dar es Salam au Tanganyika, devenu par la suite Tanzanie, la « Conférence des Femmes Africaines » honore et célèbre précisément l’empreinte des femmes dans l’histoire du continent. Dans le feu des mouvements de libération en Afrique australe et alors que la partie Ouest-Africaine du continent accédait à peine à la souveraineté internationale, cette conférence amplifie la voix et la contribution du genre féminin aux guerres anti-coloniales.

Les femmes, au premier plan des indépendances

Précédant même la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963, les femmes, de 14 pays indépendants du continent, associés à 10 autres encore sous domination coloniale, se rassemblent à Dar es Salam. Historique, ce rendez-vous a pour objectif de créer un réseau dédié à achever la libération de l’Afrique du joug colonial et de son excroissance sud-africaine dite apartheid. Il s’agissait à cet effet de former un creuset unique permettant le partage de ressources, de compétences et d’expérience pour catalyser la montée en puissance des mouvements de libération et consolider les indépendances récemment acquises par une vision de développement inclusive.   

12 ans plus tard, la Conférence des Femmes Africaines devient l’Organisation Panafricaine des Femmes suite au Congrès de Dakar tenu le 31 juillet 1974 au Sénégal. De plus, le 31 juillet sera à cette occasion, consacré « Journée de la Femme Africaine ». En janvier 2017, l’Organisation Panafricaine des Femmes se fond au sein de l’Union africaine (UA), successeur de l’OUA. Au cours de la 28e session ordinaire des chefs d’État et de gouvernements, elle se mue alors en une agence spécialisée de l’UA.  

Une voie tracée pour les femmes aujourd’hui

De la Sénégalaise Aline Sitoé Diatta (1920-1944), appelée « la femme qui était plus qu’un homme » par ses semblables, à l’Algérienne Lalla Fatma N’Soumer (1830-1863) qui tint l’armée française en échec en 1854, en passant par la Nigérienne Sarraounia Mangou ou la Guinéenne M’Balia Camara (1929 – 1955), militante politique au sein du parti pro-indépendance de Sekou Touré (RDA), les femmes se sont illustrées dans les mouvements politiques et guerres anti-coloniaux.  

Commémorer la « Journée de la Femme Africaine » c’est honorer un pan oublié du récit du continent. C’est également se réconcilier avec l’histoire de l’Afrique et renforcer son narratif dans le sens d’une cohabitation pacifique entre les sexes et d’une précocité des sociétés africaines dans leur inclusion. À la lumière de cette journée, les générations de femmes africaines peuvent puiser une légitimité dans les luttes panafricanistes contemporaines contre l’hydre du néocolonialisme. Loin de réclamer une place, elles doivent simplement se souvenir de l’avoir toujours eue.

Naledi Simth

Quitter la version mobile