Côte d’Ivoire/Mali : Assimi Goïta bientôt chez Alassane Ouattara ?

Vers un dégel entre la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara et le Mali d’Assimi Goïta ? « Les choses se sont beaucoup apaisées » dans les relations entre les deux dirigeants, selon Téné Birahima Ouattara. Au point qu’Alassane Ouattara a invité Assimi Goïta en Côte d’Ivoire, affirme le ministre ivoirien de la Défense.

Une décrispation des relations entre Alassane Ouattara et Assimi Goïta serait en cours, selon Téné Birahima Ouattara. Dans une interview à Jeune Afrique, le ministre ivoirien de la Défense a assuré que les deux dirigeant sont en passe de tourner une page diplomatique marquée par de la défiance mutuelle et un incident diplomatique majeur.

« Le président Ouattara a même invité Assimi Goita à Abidjan pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu’en réalité, cette affaire est un malentendu. Nous attendons toujours qu’il puisse effectuer cette visite. »

Dès la prise de pouvoir des colonels du CNSP malien en août 2020 la réprobation particulière du président ivoirien devant le premier coup d’Etat des hommes d’Assimi Goïta, suivi du second en mai 2021, a émergé des indiscrétions autour des différents conclaves de la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO sur le Mali et des déclarations publiques d’Alassane Ouattara.

Des débuts pour le moins difficiles

L’organisation au sein de laquelle il exerce une influence importante au vu de son statut de doyen politique et du poids économique comme diplomatique de la Côte d’ivoire dans la sous-région, avait alors engagé un bras de fer avec les militaires maliens à coup de sévères sanctions économiques, sur la durée de Transition devant précéder l’organisation d’élections et le retour à l’ordre constitutionnel. À l’instar de la majorité de ses homologues, Alassane Ouattara avait été outré par la proposition de Bamako de proroger la Transition de cinq ans, puis quatre, avant de se fixer à 24 mois à compter de mars 2022. 

Est intervenue ensuite l’affaire des 49 militaires ivoiriens. Arrêtés au Mali en juillet 2022, les soldats étaient accusés par Bamako d’être des mercenaires cherchant à mener des opérations de déstabilisation contre le Mali, toujours en porte-à-faux avec ses voisins de la CEDEAO. Trois d’entre eux sont libérés un mois plus tard et, après six mois, en janvier 2023, notamment à travers la médiation du président togolais Faure Gnassingbé, les 46 soldats restants, seront graciés par les autorités maliennes. Ce toutefois, après avoir écopé de 20 ans de prison fin décembre 2022. Cette affaire avait non seulement empoisonné les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais aussi tendu celles entre Bamako et les chefs d’État ouest-africains lesquels, avaient adressé un ultimatum au Mali (fixé au 1er janvier 2023) pour libérer les soldats ivoiriens incarcérés.

Pas d’Assimi Goïta sans Ibrahim Traoré

Quelques jours après les propos polémiques d’Ibrahim Traoré, jeudi 11 juillet, décrivant la Côte d’Ivoire et le Bénin comme des pays hostiles d’où sont préparées des opérations de déstabilisation visant son régime, la Côte d’Ivoire a procédé au refoulement de 173 réfugiés burkinabè. Si en avril 2024, le ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité, le Général de corps d’armée, Vagondo Diomandé annonçait que la Côte d’Ivoire allait lancer un processus de rapatriement de 55 000 réfugiés burkinabè vers leur pays d’origine dès le mois de juin 2024, le refoulement est apparu comme une mesure de rétorsion. Toutefois, elle n’est que la dernière d’une séquence d’incidents réguliers entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Alors que les deux pays ne cachent plus les tensions qui les divisent, le principe de solidarité, notamment sécuritaire entre les pays membres de l’AES, devenue Confédération des États du Sahel pourrait-il avoir des conséquences sur la relation entre le Mali et la Côte d’Ivoire ?

L’exemple du Bénin devient un cas d’école pour étudier les relations entre les pays de la CES et leurs voisins sous-régionaux. En effet, les accusations du CNSP nigérien ont été reprises, après quelques semaines de silence, par Ouagadougou qui, à son tour, a accusé le Bénin d’accueillir des bases servant de camp d’entrainement et de base arrière aux terroristes qui déstabilisent le Burkina Faso et le Niger. En vertu de ce principe de solidarité et d’alignement diplomatique, le réchauffement des relations entre les dirigeants malien et ivoirien pourraient être conditionnées par un dégel préalable entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Teria News

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