Russie et RDC renforcent leur coopération militaire

Moscou valide un projet d’accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo. Le texte prévoit notamment la mutualisation des efforts des deux pays pour contrer conjointement les défis et les menaces à la sécurité et à la stabilité mondiales et régionales. Le premier pas vers l’arrivée d’instructeurs Russes en RDC ?

Face à une nouvelle montée en puissance du M23 et ses prétentions sur la ville frontalière de Goma, la riposte de l’armée congolaise, associée à des groupes d’autodéfense pro-gouvernementaux ne parvient pas à repousser l’assaillant. Dans ce contexte, la Russie annonce avoir approuvé un accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo.

Un projet d’accord ambitieux

Le projet d’accord validé par Moscou couvre plusieurs domaines, dont :

En outre, le document prévoit l’organisation d’exercices conjoints, la participation et le suivi des exercices à l’invitation des agences compétentes, des visites de navires de guerre et d’avions de combat sur invitation ou demande, la formation des militaires et d’autres formats de coopération. Un revirement de Félix Tshisekedi ? En octobre 2022, le président congolais avait exclu de faire appel à des « mercenaires » russes du groupe Wagner.

Depuis 30 ans, la RDC affronte des vagues successives de déstabilisation à l’Est de son territoire, menées par des groupes insurrectionnels armés par des puissances voisines dont le Rwanda et l’Ouganda. Pétrole, gaz, or, diamant, coltan, les ressources dont regorge son sous-sol, essentielles à la transition écologique, font du pays la cible de la prédation de multinationales à l’approvisionnement « douteux » (Apple, Bayer, Sony, LG, Samsung, Intel…), de puissances régionales et internationales, mais aussi de l’armée congolaise elle-même. Sur le terrain, le rapport de force laisse dans son sillage une situation humanitaire désastreuse. Avec 6 millions de morts et 7 millions de déplacés, à ce jour, le conflit en RDC est le plus meurtrier au monde depuis la Seconde Guerre mondiale.

Géopolitique « post-interventionniste »

Dans un monde « post-interventionniste », où les grandes puissances entérinent progressivement la réticence des populations locales, principalement et en l’espèce Africaines, à accueillir sur leur sol des contingents d’armées étrangères, plus particulièrement non-africaines, les opérations de paix onusiennes sont en voie de démantèlement. Après la MINUSMA, la MONUSCO devrait se retirer d’ici décembre 2024 sur fond de griefs sur son échec à protéger les populations civiles. Un retrait amorcé par la remise aux autorités congolaises de l’une de ses bases de Kamanyola dans le Sud-Kivu avant l’Ituri et le Nord-Kivu.

Parallèlement, les acteurs de la scène internationale utilisent des puissances régionales et des sociétés de sécurité privées comme proxy pour défendre leurs intérêts. Ainsi le Rwanda a-t-il reçu, en décembre 2022, de l’Union européenne, 20 millions d’euros (environ 21,6 millions de dollars) pour ses opérations militaires au Mozambique contre l’insurrection islamiste dans le Cabo Delgado qui menace les investissements occidentaux autour des réserves de gaz, de pétrole ou de graphite. En Centrafrique, c’est la société américaine Bancroft Global Development qui a été choisie pour contrer l’influence russe dans le pays.

Du côté de la RDC, après le retrait de la force est-africaine en décembre 2023, plusieurs contingents de la SADC, dont 2 900 soldats sud-africains devraient être déployés pour combattre les groupes rebelles. Malgré ce contexte défavorable à l’interventionnisme militaire, la Russie, présente officiellement avec des instructeurs et officieusement à travers Wagner, aujourd’hui « Africa Corps », semble jouir d’un régime d’exception au sein des opinions publiques du continent.

Teria News

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