Après son homologue français Thierry Burkhard, le chef d’état-major belge s’est rendu à Cotonou pour une visite de deux jours. Nouveau front anti-jihadiste avec la propagation de la menace terroriste au golfe de Guinée, le Bénin concentre désormais les intérêts des partenaires internationaux. Certains interrogent toutefois l’opportunité de ces partenariats.
Au Bénin, l’agenda sécuritaire de cette fin d’année 2023 est marqué par une intensification de la coopération entre Cotonou et certains partenaires. Une semaine après la visite du chef d’état-major français, de passage le 9 décembre dernier, c’est au tour de son homologue belge de visiter la capitale économique béninoise. Arrivé mercredi 13, le séjour de l’amiral Michel Hofman vise à approfondir la coopération entre Bruxelles et Cotonou dans la riposte antiterroriste et la lutte contre la piraterie maritime.
Le golfe de Guinée, nouveau front anti-jihadiste
En vingt ans de coopération, Bénin et Belgique devraient donner une nouvelle impulsion à leurs relations face à l’insécurité qui gagne les frontières béninoises. Bien que contenues par les dispositifs mis en place par les autorités nationales, la multiplication des attaques terroristes dans la partie septentrionale du territoire béninois, en particulier près de la frontière partagée avec le Burkina Faso, matérialise la métastase de la menace extrémiste des pays sahéliens vers ceux du golfe de Guinée. « Nous allons continuer à développer ensemble les capacités béninoises pour faire en sorte que l’insécurité dans le nord du Bénin ne se propage pas », a déclaré l’amiral Michel Hofman.
À cet effet, la Belgique renforce son offre de services en termes de renseignements, formation des forces spéciales, d’analyse des données, parallèlement à l’aide à la lutte contre la piraterie maritime. « La Belgique nous appuie dans la montée en puissance de nos forces. Ce partenariat nous permet d’avancer, de mettre en place un bouclier contre le terrorisme et de sécuriser notre pays », explique pour sa part Fructueux Gbaguidi, chef d’état-major des forces armées béninoises.
L’opportunité des partenariats en question
Discrète, la visite de l’amiral Michel Hofman a contrasté avec celle de son homologue Thierry Burkhard. Alors que la rumeur enfle depuis plusieurs mois sur la présence d’une base militaire française dans le nord du Bénin, ce dernier et Fructueux Gbaguidi se sont employés à les démentir. Des efforts toutefois jugés insuffisant pour certains béninois, interprétant les récentes inflexions de la diplomatie béninoise comme des signes de rapprochement entre Cotonou et Paris. Jugé inopportun au vu du passif entre le Bénin et la France, mais plus largement entre celle-ci et ses anciennes colonies, cette méfiance a été accentuée par la crise diplomatique entre Paris et les États sahéliens putschistes.
Marquée par la rupture de plusieurs accords de coopération, principalement dans le domaine sécuritaire, et le détricotage de l’architecture antiterroriste multilatérale, à dominante occidentale, elle se fonde sur la défiance accumulée entre les parties face à l’échec des missions et task force étrangères (Barkhane, Takuba, MINUSMA) à endiguer la menace terroriste dans la région. Pis, l’élargissement de celle-ci fait porter aux autorités de Transition sahéliennes des accusations directes contre la France, indexée par le Mali d’Assimi Goïta, et désormais le Niger d’Abdourahamane Tiani. Les deux hommes, partenaires au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), accusent ouvertement Paris, l’un faisant appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour y présenter des preuves, de sponsoriser les groupes terroristes qui grignotent leurs territoires respectifs. Désormais officialisés par des voix autorisées, ces discours qui traversaient les opinions publiques ouest-africaines depuis plusieurs années, trouvent désormais un point d’encrage. Autant de faits et croyances qui accentuent la prudence des populations devant les rapprochements observés ces dernières semaines.
Teria News