L’armée malienne prend le dessus sur les rebelles du CSP-PSD et le contrôle de la localité d’Anéfis. Une première percée dans le nord du pays depuis 10 ans et une étape cruciale avant la bataille de Kidal. Les FAMa se battent désormais sur un double front : djihadiste d’un côté et rebelle de l’autre.
Au prix d’affrontements violents contre les combattants du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), les forces armées maliennes ont repris la localité d’Anéfis, samedi 7 octobre. Regroupant les ex-rebelles Touareg, début août, la nouvelle coalition irrédentiste a repris les hostilités contre les FAMa, ouvrant un nouveau front pour l’armée malienne déjà aux prises avec l’insurrection djihadiste. Depuis, les armées rivales se livrent à des affrontements réguliers autour des bases militaires progressivement rétrocédées par la MINUSMA ainsi qu’autour de localités du nord Mali dont elles se disputent le contrôle.
Occuper le terrain après le retrait de la MINUSMA
Force d’interposition entre les rebelles et les autorités maliennes, mais aussi accusée par Bamako d’avoir échoué dans sa mission et d’être devenue « une partie du problème en alimentant les tensions communautaires », le tout sur fond de guerre communicationnelle sur la question des droits de l’Homme, le mandat de la MINUSMA a été interrompu par le Mali, deux semaines avant sa fin officielle.
Après 10 ans de présence, la force onusienne doit finaliser son retrait d’ici le 31 décembre et la rétrocession de ses bases est objet de contentieux entre FAMa et rebelles. Ce, en particulier depuis la reprise du camp de Ber (dans la région de Tombouctou) par l’armée malienne. « Il est clair que tous les camps occupés par les forces onusiennes sur le départ reviennent de fait aux forces armées maliennes. Comme ça a été le cas à Ogossagou, à Goundam, ou encore à Ber. Ce sont nos forces qui vont occuper ces camps, que ce soit à Kidal ou ailleurs », déclarait le colonel major Souleymane Dembele, directeur de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa).
Anéfis, la porte vers Kidal
« Dans le cadre de la 2ème phase du plan de retrait de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), les Forces Armées Maliennes depuis le 2 octobre 2023 ont entrepris ce processus conformément au chronogramme établi à cet effet (…) C’est au cours de l’exécution de cette deuxième phase que nos forces ont, les 4, 5 et 6 octobre dernier, réduit jour après jour les résistances des groupes terroristes visant à barrer la route à la conduite de cette mission régalienne »
Souleymane Dembele
Depuis une semaine, une colonne de l’armée malienne partie de Gao a pris le chemin de Kidal dont la route leur avait été barrée en 2012. Après l’offensive lancée en 2012 par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), Anserdine de Iyad Ag Ghaly et de MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest), la prise d’Anéfis (ville-étape vers Kidal) par les FAMa représente la première percée loyaliste dans la localité depuis 10 ans.
Le retrait de la MINUSMA ayant fait voler en éclats le statu quo précaire issu des accords d’Alger que les deux camps d’accusent mutuellement d’avoir violé, les armes ont recommencé à parler entre les groupes signataires et les autorités centrales. En jeu pour Bamako : le contrôle du territoire national disputé par les djihadistes d’une part et désormais, par le CSP-PSD, de l’autre.
Teria News