Niger : un calendrier américain défendu par l’Algérie

Alors que leur allié français s’y oppose toujours, dans les coulisses, les États-Unis s’emploient à imposer un plan de sortie de crise basé sur un calendrier de Transition court. Face à la débâcle de la France au Sahel, Washington fait désormais cavalier seul en se cachant derrière le plan de 6 mois proposé par l’Algérie.

Lundi, la diplomatie algérienne annonçait une percée dans la crise nigérienne avec l’acceptation par le CNSP de son offre de médiation. Reposant sur une période de Transition de 6 mois, elle a toutefois été rejetée, à peine quelques heures plus tard, par les nouvelles autorités de Niamey lesquelles, ont précisé que le calendrier devant mener à un retour à l’ordre constitutionnel, sera fixé par un dialogue « national inclusif », vidant ainsi le plan algérien de sa substance. Nœud des tractations, si la question de la durée de Transition est exclue des pourparlers, celle-ci perd de facto son attrait.

Les États-Unis se désolidarisent de la France

Derrière le plan algérien de sortie de crise, les États-Unis s’activent pour reprendre en mains le dossier nigérien. Alors que Washington s’était jusqu’à récemment appuyé sur « l’expertise africaine » de Paris, la diplomatie américaine se distancie de la politique continentale déployée par l’Élysée et le Quai d’Orsay. Discréditée auprès de ses alliés suite à ses échecs successifs au Sahel, depuis le marasme malien jusqu’à la désillusion nigérienne en passant par le revers burkinabè, l’intransigeance française à l’égard des autorités militaires de Niamey accentue la fracture au sein du camp occidental.   

Ainsi, les États-Unis manœuvrent-ils pour imposer un plan de Transition court. Si officiellement Washington s’aligne sur les éléments de langage français, à savoir le retour immédiat à l’ordre constitutionnel et la réinstallation de Mohamed Bazoum au pouvoir, officieusement, les américains seraient les porte-plume du plan de Transition présenté par l’Algérie.

La France sent-elle le souffre en Afrique ?

Le climat de tension maintenu, les États-Unis craignent en effet une crispation de l’opinion publique nigérienne se traduisant par la contagion du rejet de la présence militaire française aux contingents américains (1 100 hommes) présents dans les bases de Niamey et d’Agadez. La première étant partagée avec des forces françaises, le Pentagone avait déjà procédé au transfert de ses éléments vers Agadez, à 1000Km au nord de Niamey, marquant une séparation avec son allié.

Manifeste depuis la nomination et l’envoi à Niamey de l’ambassadrice américaine Kathleen Fitzgibbon, confirmée par le Sénat le 27 juillet, soit au lendemain de la prise de pouvoir par les militaires, le hiatus entre Paris et Washington s’élargit. C’est également en vertu de ces divergences qu’en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait souhaité rassembler plusieurs chefs d’État de la CEDEAO afin de bâtir un consensus autour d’une Transition courte. Une tentative là aussi infructueuse. Plusieurs dirigeants ont préféré y envoyer leurs ministres des Affaires étrangères. 

Teria News

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