Une ligne de chemin de fer entre plusieurs capitales sous-régionales ? Le projet de la « boucle ferroviaire » qui devait relier Abidjan, Cotonou, Ouagadougou, Niamey et Lomé a été le tombeau de Vincent Bolloré en Afrique. Rêve d’intégration économique, il est relancé par l’UEMOA.
Depuis son abandon par l’industriel Français Vincent Bolloré en décembre 2015, contraint par une décision de la justice béninoise après une plainte du groupe Petrolin (détenu par Samuel Dossou-Aworet), le projet de la « boucle ferroviaire » représentait un énième éléphant blanc sous-régional, nourrissant le scepticisme de certains sur la capacité des États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à mener à bien des projets communs d’envergure. La « boucle ferroviaire » était en effet devenue un test grandeur nature de la crédibilité d’une vision institutionnelle : celle d’une intégration économique réussie entre ses 8 pays membres.
Chronique d’un bâclage en règle
Suite au fiasco Bolloré, le projet, accéléré par l’industriel français quitte à faire fi des autorisations nécessaires, est revenu au point mort. Le groupe a été accusé par la partie béninoise du projet, depuis incarnée par le président Patrice Talon, de poser des rails de qualité douteuse, voire vétustes. Certains allant jusqu’à affirmer que la multinationale française s’était bornée à récupérer des rails posés au Cameroun datant du début du XXe siècle. Tous en tous cas, dénoncent les « économies » et les nombreuses violations des normes de construction par le groupe Bolloré, faites au détriment de la sécurité des personnes et des biens censés être transportés.
Qualifiant la réalisation du projet par la multinationale française de « bas de gamme », le président béninois a confié la réhabilitation du tronçon Cotonou-Parakou à une entreprise chinoise.
Les rails sous-régionaux, relancés par l’UEMOA
« Notre espace communautaire est confronté à un déficit en infrastructures de transport ferroviaire avec tous les corollaires que vous connaissez : dégradation rapide des routes du fait de la surcharge des véhicules de transport lourd de marchandises entraînant des coûts élevés de l’entretien routier et des services de transport, des problèmes de sécurité routière et environnementaux. Cette situation pèse lourdement sur le développement économique de notre sous-région »
Amadou Koné, ministre ivoirien des Transports
Le 5 mai, les ministres en charge des Transports des États membres de l’UEMOA se sont réunis à Abidjan pour mettre à l’agenda la relance de la mise en œuvre du projet régional de la « boucle ferroviaire » Abidjan-Ouagadougou-Niamey-Cotonou-Lomé. Piloté par la Commission de l’UEMOA, le projet vise la construction d’une boucle longue de 2.928 km, dont 1.952 km à réhabiliter et 977 km à construire. Sa réalisation permettra de renforcer le transport de fret et l’intégration économique sous régionale.
Toutefois, les ambitions sous-régionales se heurtent à plusieurs obstacles dont le financement du projet, aujourd’hui soutenu par des partenaires techniques et financiers comme la BAD, la BOAD et l’Union européenne. Outre les difficultés liées à la mobilisation de bailleurs pour le moment encore insuffisants, le projet de « boucle ferroviaire » doit également intégrer les défis sécuritaires dus à la métastase de la menace terroriste qui pèse sur le Sahel et plus récemment, sur les pays du golfe de Guinée.
Teria News