L’ANC exige que l’Afrique du Sud quitte la CPI 

« Le parti au pouvoir a tranché, estimant prudent que l’Afrique du Sud se retire de la CPI ». Quatre mois avant le sommet des BRICS prévu se tenir à Durban et devant accueillir Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI, l’ANC demande au gouvernement Sud-africain de claquer la porte de la CPI.

Que fera Cyril Ramaphosa ? Mardi, le Congrès national africain (ANC), parti historique au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, a officiellement demandé à son gouvernement de quitter le Statut de Rome, instituant la très controversée Cour pénale internationale (CPI).

« Le parti au pouvoir a tranché, estimant prudent que l’Afrique du Sud se retire de la CPI », a déclaré le président Ramaphosa lors d’une conférence de presse à l’issue d’une visite de son homologue finlandais Sauli Niinistö. Depuis le 17 mars et la décision de la Cour d’émettre un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour son implication présumée dans l’enlèvement de milliers d’enfants en Ukraine et leur déportation illégale vers la Russie dans le cadre de sa campagne ukrainienne, Prétoria est soumis à de fortes pressions en amont du prochain sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) prévu se tenir du 22 au 24 août prochain à Durban. Si d’un côté, en tant qu’État partie au Statut de Rome, l’Afrique du Sud a l’obligation légale d’arrêter le président russe sur son sol, de l’autre, le pays peut difficilement faire table rase des liens historiques qui lient l’ANC à la Russie, Moscou ayant été un des soutiens de la lutte du parti contre le régime de l’apartheid, comme des intérêts qui les rassemblent encore aujourd’hui, notamment au sein des BRICS.

Cafouillage ou rétropédalage ?

« Tous les chefs d’État devraient assister au sommet. Mais maintenant, nous avons des bâtons dans les roues avec ce mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale […] Ce que cela impose, c’est d’autres dispositions, pour voir comment cela va être pris en compte, et ces dispositions sont en cours. Une fois qu’elles auront été prises, les annonces nécessaires seront faites »

Porte-parole du président Sud-africain Cyril Ramaphosa

Seulement, un communiqué de la présidence Sud-africaine est venu contredire les déclarations de Cyril Ramaphosa : « La présidence souhaite clarifier le fait que l’Afrique du Sud reste signataire du Statut de Rome […] Cette clarification fait suite à un commentaire erroné lors d’une conférence de presse de l’ANC ».

La question de savoir si l’Afrique du Sud arrêtera Vladimir Poutine est « à l’étude », avait déclaré le président Sud-africain. Vladimir « Poutine peut venir à tout moment dans ce pays », avait pour sa part estimé le Secrétaire général de l’ANC Fikile Mbalula lors d’une conférence de presse. « La CPI ne sert pas les intérêts de tous, mais ceux de quelques-uns », avait-il ajouté.

Les déclarations contradictoires de Prétoria sont le symptôme d’une tension entre la présidence Sud-africaine et l’ANC. Cyril Ramaphosa semble écartelé entre l’alignement géopolitique de son parti et les pressions internationales auxquelles l’Afrique du Sud est soumise depuis mars.

Afrique du Sud et CPI : un divorce non consommé

En 2016, suite à la visite sur son sol de l’ancien président soudanais Omar el-Béchir au cours de laquelle Pretoria avait refusé de procéder à son arrestation alors qu’il était visé par un mandat d’arrêt de la CPI, l’Afrique du Sud avait déjà voulu se retirer du Statut de Rome. Toutefois, le retrait de Pretoria avait été contrarié par la justice du pays laquelle, avait estimé qu’une telle décision serait inconstitutionnelle.

En outre, sur le plan légal, un éventuel retrait ne permettrait pas à l’Afrique du Sud de se soustraire à ses obligations car il enclencherait une procédure de plus d’un an pour être effectif. Eminemment politique et même, géopolitique, le positionnement de Prétoria ne peut toutefois être réduit à sa dimension légale.

Teria News

Quitter la version mobile