« Un montant de 12 millions d’euros, soit 7,9 milliards de FCFA » donnés par Macky Sall à Marine le Pen ? L’ancien Premier ministre sénégalais Cheikh Adjibou Soumaré a été placé jeudi en garde à vue à Dakar pour avoir interpellé le président sénégalais à ce sujet.
Les mallettes de billets circulent-elles encore entre l’Afrique et la France ? Symbole de la corruption des élites françafricaines et des relations malsaines que peuvent entretenir la classe politique française avec les chancelleries africaines, la référence aux mallettes de billet ressuscite l’imaginaire attaché aux heures les plus sombres et décomplexées de la Françafrique où les potentats continentaux finançaient allègrement les campagnes présidentielles de candidats hexagonaux contre leur indulgence face aux entorses aux principes démocratiques, de bonne gouvernance, ainsi qu’aux atteintes aux Droits humains une fois arrivés au pouvoir. En somme, la garantie d’une assurance vie pour leurs régimes illégitimes.
Le discret Cheikh Adjibou Soumaré emprisonné pour avoir « demandé »
Dans une lettre adressée à Macky Sall et reprise dans les médias locaux, l’ancien Premier ministre interpelle le président sénégalais sur la véracité ou non d’un don de « 12 millions d’euros, soit 7,9 milliards de FCFA » à une « personnalité politique française » dont le parti se distingue « par la haine et le rejet de l’autre », sans citer de nom. Toutefois, la description est assez claire pour que les regards se dirigent vers la responsable du Rassemblement national et candidate malheureuse à la présidentielle française de 2022 face à Emmanuel Macron, rencontrée par Macky Sall le 18 janvier dernier. En réaction à la publication du courrier par la presse, le gouvernement sénégalais via un communiqué « rejette et condamne fermement de telles insinuations » qualifiées de « lâches et sans fondement ».
Par ailleurs, l’ancien Premier ministre évoque également dans sa lettre, la présidentielle de 2024 en demandant au chef d’État sénégalais s’il est « dans la logique du report » du scrutin.
Jeudi, après son interrogatoire par la police, Cheikh Adjibou Soumaré a été placé en garde à vue « à la requête du procureur de la République », a annoncé son avocat. Ministre du Budget puis Premier ministre de 2007 à 2009 sous le président Abdoulaye Wade (2000-2012), il a ensuite servi comme président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
À un an de la prochaine échéance présidentielle, l’arrestation de Cheikh Adjibou Soumaré intervient dans un climat politique particulièrement tendu par l’incertitude autour des intentions de Macky Sall et un recul général des libertés traduit notamment par des arrestations d’opposants, interdictions de manifester ou encore des mesures coercitives contre la presse.
Teria News