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Ethiopie : Addis Abeba dans le viseur du TPLF

Prix Nobel de la paix 2019, aujourd’hui « chef de guerre » et bientôt « criminel de guerre » à la CPI ? La machine politico-médiatique occidentale s’emballe contre le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, comme pour Laurent Gbagbo en son temps. Lâché par les États-Unis, Abiy Ahmed a déclaré l’état d’urgence et appelle les civils à prendre les armes contre le TPLF.

L’Ethiopie est en guerre civile depuis un an, mais le conflit qui oppose les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) au gouvernement fédéral a pris une nouvelle dimension. Les rebelles gagnent en effet du terrain, au point de se positionner à 400 km de la capitale Addis Abeba. Sous une pression inédite depuis le début des hostilités, le Premier ministre Abiy Ahmed a déclaré l’état d’urgence et appelle les civils à prendre les armes contre les insurgés. Faisant écho à l’appel fédéral, la mairie d’Addis Abeba encourage les citoyens ordinaires à former des groupes d’autodéfense.

Pressions internationales contre Abiy Ahmed

Dans sa guerre totale contre les rebelles Tigréens, le Premier ministre Abiy Ahmed a perdu le soutien des États-Unis. En froid avec Addis Abeba depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison blanche, Washington vient de supprimer les avantages commerciaux accordés à l’Ethiopie. En effet, le président américain, employé à reconquérir le prestige de l’Amérique par la « promotion de la démocratie », a fait de l’Ethiopie et de la guerre de son Premier ministre contre le TPLF, une cible et un faire-valoir.  

« Nous avons toujours condamné l’expansion de la guerre par le TPLF en dehors du Tigré. Et nous continuons de demander au TPLF de retirer ses troupes des régions Amhara et Afar. Cependant, cette expansion de la guerre est autant prévisible qu’inacceptable », a déclaré l’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman. « Les États-Unis et d’autres pays ne peuvent pas faire comme si de rien était dans ses relations avec le gouvernement éthiopien. Le partenariat extraordinaire que nous avions avec lui ne peut pas continuer à partir du moment où le conflit continue de s’étendre, que la stabilité et l’unité du pays sont menacées, ainsi que le bien-être de son peuple. », a-t-il poursuivi.

L’ONU, dont l’Ethiopie a expulsé plusieurs responsables, plaide pour une « cessation immédiate des hostilités et un accès humanitaire sans entrave afin de fournir une aide vitale urgente », et en faveur d’un dialogue « inclusif » avec le TPLF pour « créer les bases de la paix et de la stabilité dans tout le pays ». Les Nations unies affirment par ailleurs que toutes les parties pourraient être coupables de crimes contre l’humanité.

La position des États-Unis reflète celle des pays occidentaux. Un temps encensé et porté aux nues avec le prix Nobel de la paix 2019, Abiy Ahmed est aujourd’hui considéré comme un vulgaire « chef de guerre », à peine dépositaire de l’autorité du pouvoir central éthiopien et à qui semble être dénigré le droit de se défendre contre une insurrection rebelle.

Teria News

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