Le Togo allié du Mali face à la CEDEAO ? Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop en tous cas y croit. Il appelle Lomé à « travailler à lever les obstacles et faciliter la vie des Maliens ».
Une délégation malienne de haut niveau s’est rendue au Togo ce mercredi. Objectif : activer le lobbying de Lomé en sa faveur auprès de la CEDEAO pour « lever les obstacles afin de pouvoir faciliter la vie des Maliens et des Maliennes, mais également, renforcer la solidarité entre nos populations ». En d’autres termes, pour lever l’embargo voté contre Bamako le 9 janvier.
« Nous voulons travailler ensemble avec le Togo pour renforcer les lien économiques et commerciaux pour pouvoir subvenir aux besoins essentiels de nos populations. Nous sommes disposés à regarder ensemble tous les obstacles que nous pouvons lever dans ce sens », a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, en ouverture des travaux.
Pourquoi miser sur le Togo ?
Rechercher la médiation de Lomé peut paraitre surprenant, mais le Togo, notamment via le président Faure Gnassingbé, s’est souvent positionné contre la marginalisation du Mali et en faveur de l’accompagnement communautaire de Bamako. Ainsi, en visite à Abidjan, le chef d’État togolais avait, lors d’un point de presse tenu avec le président Ouattara, appelé ses homologues sous-régionaux à rouvrir les négociations avec les autorités maliennes de Transition pour sortir d’une impasse politique qui dure depuis quasiment 6 mois. Concrètement, il s’agirait pour Lomé de faire accepter à la CEDEAO les 24 mois « incompressibles » de Bamako contre les 16 exigés par l’organisation.
« Nous sommes ici dans un contexte particulier dans lequel nous voulons pouvoir reconnaitre, apprécier et saluer le rôle du Togo au sein de la CEDEAO et de la communauté internationale pour promouvoir l’entente et le dialogue. Les prises de position publiques du président togolais sur la situation au Mali sont allées droit au cœur de l’ensemble des Maliens »
Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères
« Dans le cadre du renforcement de la coopération entre nos deux pays, les secteurs privés de nos deux pays pourraient être appelés à jouer un rôle primordial dans la mise en place de ces projets de coopération. En ce sens, nous voulons faciliter les contacts entre les organisations professionnelles, les centres d’affaire, les hommes et femmes d’affaire », a pour sa part expliqué le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey.
Outre les représentants des gouvernements malien et togolais, les acteurs économiques étaient également présents dans les deux délégations. Un signe que l’embargo de la CEDEAO est un couteau à double tranchant qui nuit autant à la santé économique du Mali qu’à celle de ses voisins, ici le Togo. C’est là, la clé du lobbying togolais : défendre ses intérêts économiques en continuant à faire des affaires avec un partenaire commercial dont il est actuellement privé. Enfin, pour le Mali, choisir le Togo, c’est aussi mettre sur la touche Goodluck Jonathan, le médiateur désigné par la CEDEAO depuis 2020.
Teria News