À la demande de Moscou, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion informelle sur le Mali. La rencontre intervient au lendemain de la rupture par le Mali des accords de défense avec la France et ses partenaires européens. Décision à laquelle Paris s’est opposée ce mardi.
Au lendemain de la rupture historique de ses accords de défense avec la France et ses partenaires européens, le Mali a été au centre des débats du Conseil de sécurité de l’ONU. À la demande de la Russie, les 15 membres de l’instance onusienne ont planché sur les préoccupations de Bamako, en particulier sur les violations répétées de sa souveraineté par la France via ses troupes présentes dans le cadre de l’opération Barkhane, dont le retrait a été unilatéralement annoncé par Paris le 17 février.
La rencontre s’étant tenue à huis clos, rien n’a filtré des échanges. Toutefois, Anna Evstigneeva, ambassadrice russe adjointe à l’ONU s’est exprimée en amont de la réunion : « Le Mali a récemment exprimé ses inquiétudes […] concernant les violations de l’espace aérien par des forces étrangères » et « nous pensons qu’il est important d’en discuter au Conseil de sécurité », a-t-elle déclaré.
Ce cadre est une « bonne occasion de discuter de la situation là-bas. Le Mali a passé des contrats avec des mercenaires privés et ils violent déjà les droits humains. Nous espérons qu’il y aura un certain degré de mise en responsabilité à ce sujet », a pour sa part estimé l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière.
La France s’oppose à la décision malienne
Ce mardi, soit 24 heures après la publication du communiqué malien, la France a répondu à l’annonce de Bamako. « La France a été informée, le 2 mai, de la décision unilatérale des autorités de transition maliennes de dénoncer le traité de coopération en matière de défense liant la France et le Mali ainsi que l’accord régissant le statut des forces françaises et celles des partenaires européens impliqués dans la task force Takuba. Elle considère cette décision injustifiée et conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral qui serait imputable à la force Barkhane. », a réagi Paris.
« La France poursuivra le retrait en bon ordre de sa présence militaire au Mali, conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces armées maliennes. La France réaffirme sa vigilance à l’égard de toute tentative de manipulation de l’information et rappelle sa détermination à assurer la sécurité de ses soldats et des soldats européens engagés à ses côtés au cours de cette phase de désengagement. », a poursuivi le Quai d’Orsay.
Avec la publication de ce communiqué, il apparait que Bamako et Paris, déjà engagés dans un bras de fer diplomatique depuis le second coup d’État du colonel Assimi Goïta, soient à présent entrés dans un conflit juridique. Dans un cas comme dans l’autre, porter les dossiers des contentieux franco-maliens devant un forum diplomatique aussi stratégique que le Conseil de sécurité de l’ONU grâce à son allié russe, revient pour Bamako à inviter les regards du monde dans une relation tumultueuse, afin de sortir d’un tango mortifère avec Paris.
Teria News