Isolement de la Russie ? L’Occident prend ses rêves pour la réalité, selon Lavrov

La Russie isolée ? Sergueï Lavrov dénonce un fantasme occidental. Les autres pays « refusent d’accepter les valeurs néolibérales qui sont imposées par l’Occident. Ils veulent se faire guider par leurs traditions, leur histoire, leurs valeurs », déclare le ministre russe des Affaires étrangères.

Lors d’une conférence de presse virtuelle donnée le 28 mars, le ministre russe des Affaires étrangères a dénoncé un aveuglement de l’Occident qui, dénonçant la guerre en Ukraine déclenchée par l’agression russe du 24 février, imagine que le reste du monde est aligné sur sa position. Selon Sergueï Lavrov, le tropisme de l’Ouest l’empêche de voir le tableau contrasté qu’offre l’humanité, cristallisé par l’intervention russe.

« Ce sont ceux qui, du point de vue mental et idéologique, sont d’accord avec la dictature de l’Occident sur l’échiquier mondial, cette dictature de l’Occident qui ne veut pas perdre ses positions dominantes dans le monde depuis plus de 500 ans. »

Résistance aux valeurs néolibérales

« Maintenant c’est une autre époque, c’est le temps de la création de l’ordre mondial multipolaire. Les pays qui sont actuellement des vrais centres de développement économique, ces pays refusent d’accepter les valeurs néolibérales qui sont imposées par l’Occident. Ils veulent se faire guider par leurs traditions, leur histoire, leurs valeurs, y compris des valeurs religieuses qui sont à peu près communes pour toutes les religions mondiales.

Nous avons un grand nombre de partenaires dans la région d’Asie-Pacifique, en Afrique, et en Amérique latine. Nous avons de bonnes relations avec la majorité écrasante des organisations qui ont été créées par les pays émergents. Et donc parmi ces organisations, je peux citer : l’Union Africaine, la Communauté des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, l’Association des États de l’Asie du Sud-Est, et ainsi de suite. », déclare Lavrov.

Les pays du grand Sud soumis au chantage occidental

Sergueï Lavrov estime que l’isolement de la Russie depuis le 24 février est un leurre issu d’un narratif mensonger qui commet l’erreur consciente ou inconsciente de ne prendre en compte qu’une partie minoritaire de l’humanité. Celle-ci se résume selon lui à l’occident et ne considère pas les opinions de l’Est et du grand Sud, la majorité du globe.

« L’Occident s’efforce de démontrer ce soi-disant « isolement » de la Russie en présentant les résultats arithmétiques des votes à l’ONU. Nous savons comment ces résultats sont obtenus. Nous sommes au courant des chantages inouïs utilisés pour faire voter les représentants des pays émergents et des personnes qui sont menacées au sein de l’Organisation des Nations Unies et dans d’autres organismes.

Ça nous prouve que les États-Unis, et les pays qui jouent le même jeu des chantages, ont eux-mêmes peur de se retrouver isolés. Nous ne ressentons aucun isolement. L’isolement peut être ressenti par ceux qui ne s’imaginaient pas sans ces soi-disant « valeurs » occidentales. Mais dans la vie, on a des valeurs beaucoup plus importantes, et ce sont les valeurs propres pour la majorité écrasante des civilisations peuplant notre planète. », déclare Sergueï Lavrov.

Le ministre russe des Affaires étrangères dénonce en outre le mondialisme de l’Ouest lequel, ultimement, constitue une menace contre la diversité culturelle globale : « Il faut se respecter entre nous et ne pas essayer d’imposer, par des moyens les plus féroces, ses propres valeurs, ses propres règles qui ne sont qu’apparues récemment avec l’avènement du néolibéralisme et avec lesquels on s’efforce à supprimer les cultures millénaires des civilisations. C’est une voie qui mène à l’impasse. »

Décrivant un emmurement de l’Ouest dans une version de la vérité, pensée comme universelle, la diatribe anti-occidentale de Sergueï Lavrov s’inspire notamment des thèses de l’idéologue russe Aleksandr Douguine. Un angle mort occidental qui, à défaut d’être reconnu, pourrait précipiter son déclin.

Teria News

Quitter la version mobile