« Le gouvernement du Mali invite, avec insistance, la partie danoise à retirer immédiatement ses forces spéciales du territoire malien », a déclaré mercredi le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement malien de Transition après que le Danemark ait affirmé avoir été invité par Bamako.
Le torchon continue de brûler entre le Mali et le Danemark, dont les autorités de Transition ont, à nouveau, exigé le départ des troupes déployées dans le cadre de la Task force Takuba. Dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, Bamako réitère sa demande et réaffirme qu’« aucun accord » n’encadre un tel déploiement.
« Le gouvernement de la Transition a lu, avec surprise et consternation, un message non approprié du ministre des Affaires étrangères danois sur les réseaux sociaux, le 25 janvier courant, qui estime infondée la conclusion d’un accord entre la République du Mali et le Danemark, avant le déploiement des forces spéciales danoises », a annoncé colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement. « Le gouvernement du Mali invite, avec insistance, la partie danoise à retirer immédiatement ses forces spéciales du territoire malien », poursuit le texte.
Une demande en cours d’examen
Le communiqué explique que : « dans une note verbale en date du 29 juin 2021, le Royaume du Danemark avait saisi le gouvernement de la Transition d’un projet de texte en vue de convenir du statut des forces spéciales danoises devant intervenir au sein de la force Takuba sur la base du Protocole additionnel conclu en mars 2020 entre le gouvernement du Mali et celui de la République française déterminant le statut des détachements non français de la force Takuba ».
« En réponse, le gouvernement de la Transition a, par note verbale du 16 novembre 2021, indiqué au gouvernement du Royaume du Danemark que sa requête est sous examen et qu’une suite lui sera communiqué », poursuit le communiqué, précisant que l’accord qui pourrait encadrer le déploiement de troupes danoises reste à ce jour à l’état de projet. « Trois autres pays européens, la Norvège, le Portugal et la Hongrie, se trouvent actuellement comme le Danemark en attente de la validation de l’accord sur le statut des forces par la partie malienne. Contrairement au Danemark », ces pays n’ont pas attenté à la souveraineté de l’Etat malien en envoyant des contingents sans cadre légal l’autorisant.
Mercredi, en amont du communiqué de Bamako, les pays européens présents au Mali dans le cadre de la force Takuba avaient demandé au gouvernement de Transition de « respecter les bases solides de la coopération diplomatique et opérationnelle ». Le communiqué conjoint européen déclare : « Nous, partenaires internationaux engagés en soutien du Mali et de son peuple dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables et dans la lutte contre le terrorisme, regrettons profondément la déclaration des autorités maliennes de transition (…) alléguant que le déploiement du contingent danois dans la task force “Takuba” est intervenu sans base légale et sans le consentement du gouvernement malien ». Le document poursuit en appelant Bamako à « remédier rapidement à cette situation ».
Relents coloniaux
Selon Abdoulaye Maïga, les prises de position françaises sont symptomatiques de « réflexes coloniaux ». Il accuse également Paris « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales. Mardi, la ministre française des Armées, Florence Parly, avait en effet accusé Bamako de multiplier « les provocations ».
« Nous invitons également Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat » […] « Lorsqu’on tente désespérément d’isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation ».
Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement malien
Abdoulaye Maïga a en outre évoqué la « très bonne réputation » du Danemark au Mali, avant d’émettre cette mise en garde : « Nous les invitons à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux ».
Teria News