Au milieu du 20ème siècle, dans des mines d’étain du plateau de Jos situé à Ham dans l’État de Kaduna (centre du Nigéria), la découverte de plusieurs figurines en terre cuite d’une finesse qui déconcerta les archéologues, révéla le raffinement de la civilisation Nok, cœur de l’art Ouest-Africain.
La civilisation Nok s’est étendue de Jos à Katsina Ala, en passant par Sokoto (sur environ 78 mille kilomètres carré) et date (datations au radiocarbone) de 2000 et 2500 ans AP (Avant le Présent), soit environ 800 avant JC. D’autres hypothèses la situent vers 1500 avant JC.
Découvertes en 1928, les sculptures Nok représentaient des animaux, ornements et objets du quotidien. Celles de cavaliers à cheval par exemple révélaient l’existence et l’utilisation de ces étalons à l’époque. Des pièces archéologiques d’une grande diversité stylistique mettent en lumière la place qu’occupait l’art, par conséquent le travail de l’esprit dans la civilisation Nok dont l’ancienneté des sculptures en terre-cuite et de grande taille en fait par ailleurs la source d’inspiration de civilisations postérieures de la sous-région.
Une vingtaine de sites se sont avérés des vestiges Nok abritant des milliers d’œuvres artistiques qui font le bonheur de collections privées en Europe et aux États-Unis, le plus souvent issues de pillages. L’art corporel y tenait une place non moins importante avec des ornements marquant une position sociale, ainsi que des coiffures et styles vestimentaires sophistiqués. Les bijoux et amulettes retrouvés laissent deviner la présence de dignitaires. Sur le plan spirituel, des représentations animales d’éléphants, de félins ainsi que de têtes mi-hommes mi-animaux, d’homme-oiseaux, de sphynx, lèvent un coin de voile sur leurs croyances religieuses.
Leur habitat était majoritairement constitué de huttes en torchis dont plusieurs reposaient sur une fondation faite en cercle de pierres en vue de renforcer leur résistance.
Entrée dans l’Âge du fer entre 800 et 400
Cultivateurs et cueilleurs de plantes sauvages le peuple Nok était un peuple sédentaire dont la maîtrise du fer se situe aux environs de 800 et 400. La fonte du fer lui assura une prospérité certaine et permit l’intensification de l’agriculture avec la fabrication d’outils en fer comme la houe et la hache d’où la production de sorgho, de citrouilles et autres denrées représentées par les sculptures découvertes. Cette nouvelle science permit une transition de l’Âge de pierre à l’Âge du fer sans passer par l’Âge de bronze, étape intermédiaire d’une majorité de civilisations.
Les Nok fournissaient ainsi la plus ancienne technologie de fusion et de travail du fer à l’Afrique subsaharienne. Les vestiges datant du quatrième et du deuxième siècle avant notre ère ont révélé 13 fours de fusion du fer, dont le plus ancien appartient à la civilisation Nok, retracé à 55 kilomètres d’Abuja dans la ville de Taruga. Les vestiges de lances en fer laissent entrevoir des rivalités avec d’autres tribus et un certain art de la guerre.
Le déclin de la civilisation Nok
Survenu vers 200 de notre ère, les causes de la disparition de la culture Nok demeurent floues. Cependant, les hypothèses de ce déclin évoquent une baisse de la production, notamment potière, des guerres civiles, des attaques de tribus rivales, le changement climatique, une épidémie ou encore la surexploitation de ressources.
L’Eveilleur de Conscience Panafricaine