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Nigéria : manifestations contre la « faim » et la « famine »

Chute historique des cours du naira, fin des subventions du carburant. Dans tout le pays, comme lundi à Ibadan, les Nigérians donnent de la voix contre la vie chère. Un cycle de manifestations contre une des pires crises économiques du pays et la gouvernance de Bola Tinubu.  

Avec leurs conséquences sociales désastreuses, les réformes économiques de Bola Tinubu provoquent la colère des Nigérians, de plus en plus acculés par l’augmentation du coût de la vie. Soumis à un taux d’inflation de 29,9 % en janvier de cette année, contre 25% en mai 2023, soit son niveau le plus élevé depuis 1996, les ménages subissent de plein fouet la hausse des prix.

Manifestations contre la vie chère

« Ce pays saigne, ce pays est dur, ce pays est en colère. Les gens souffrent. Aujourd’hui encore, personne ne peut se permettre trois repas carrés, ni même deux repas carrés dans notre cher pays. L’inflation touche tous les produits. Inflation des aliments, inflation du ciment, inflation du tissu, inflation des moteurs (voitures), inflation des vélos, inflation du transport d’un point à un autre »

Sodiq Akorede, artisan

Depuis plusieurs semaines, hommes et femmes marchent dans les rues des villes du centre et du nord du pays comme à Suleja, près de la capitale Abuja, à Minna, dans l’État du Niger, et à Kano, la deuxième ville du pays, pour dire leur « ras-le-bol » et interpeller les autorités fédérales. Les Nigérians sont confrontés à l’une des pires crises économiques qu’ait connu le pays.

Cette dernière frappe directement dans les assiettes avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Ainsi, la viande, les œufs et le lait sont désormais considérés comme des produits de luxe. S’ajoutant aux protestations populaires, d’influents leaders communautaires comme l’émir traditionnel de Kano, Aminu Ado Bayero, dénoncent également la détérioration du niveau de vie des populations. Début février, ce dernier a estimé que les Nigérians doivent faire face à des « difficultés économiques, à la faim et à la famine » et a appelé le président Bola Tinubu à prendre des mesures d’urgence.

Effondrement des cours du naira

De plus, les nigérians accusent également le coup après la décision de la Banque centrale du Nigeria (CBN) de supprimer le régime de taux de change fixe. Dans l’objectif d’accroitre sa réserve de devises étrangères et d’attirer les investisseurs, la BCN a, depuis le 14 juin, cessé de fixer le cours de change officiel du naira face au dollar américain. Résultat, le cours de la monnaie nationale a dévissé sur les marchés des changes. Désormais flottant, il est fortement influencé par le marché noir. Lundi 19 février, le naira s’est même effondré à 1 528 unités pour un dollar américain, plombant d’avantage le pouvoir d’achat des Nigérians.

En outre, cette crise du naira est venue s’adosser à la suppression des subventions des prix du carburant. Réforme emblématique de l’ère Tinubu, elle a provoqué le triplement des prix du carburant et l’envolée des tarifs des transports.

Teria News

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