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Togo: report in extremis des élections législatives et régionales

Report sine die du double scrutin législatif et régional. Face au tollé suscité par la révision de la Constitution, les autorités togolaises suspendent le processus électoral à la veille du lancement de la campagne électorale. Faure Gnassingbé craint-il d’être renversé par un Parlement d’opposition?

La décision est tombée moins de 24 heures avant le démarrage officiel de la campagne électorale, ce jeudi 4 avril, en vue de la tenue du double scrutin législatif et régional. Prévues se tenir le 20 avril prochain pour un couplage inédit, les élections qui devaient initialement être organisées fin décembre 2023, ont été une première fois reportées, sans raison.

Le double scrutin accusera un “léger” report selon les autorités. “Le gouvernement procèdera à un léger réaménagement du calendrier des élections législatives et régionales initialement prévues le 20 avril 2024”, indique l’exécutif togolais. L’annonce fait suite à une rencontre, mercredi 3 avril, entre le chef d’Etat togolais et le Bureau de l’Assemblée nationale.

Tollé national et international après l’adoption d’une nouvelle Constitution

L’indignation ne retombe pas au Togo suite à l’adoption, “en catimini” ainsi que dénoncé par l’opposition, dans la nuit du lundi 25 mars dernier, d’une nouvelle Loi fondamentale. Ce, alors que le Sénégal, comme la sous-région Ouest-Africaine célébrait l’avènement d’une alternance historique et conclue de haute lutte par l’accession au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et du programme de rupture de l’ex-Pastef.  

Pensant peut-être tirer avantage de la liesse sénégalaise pour éviter la lumière des opinions publiques sur une révision constitutionnelle prolongeant une nouvelle fois le règne de la dynastie Gnassingbé à la tête du pays, les autorités togolaises ont obtenu le résultat opposé. Le contraste avec les espoirs de changement, dans le cadre démocratique, suscités par les électeurs Sénégalais a, au contraire, mis en relief le sort des Togolais dont la voix et l’autodéterminisme sont confisqués depuis 57 ans par un régime autoritaire. 

Avec l’élection du président de la république par le Parlement, le texte instaure un régime parlementaire. Le mandat du chef de l’Etat passe, de plus, de 5 ans renouvelables une fois, à un mandat unique de six ans. Cette révision inaugure ainsi une Ve République via un document validé sans débat public et loin du regard du peuple Togolais, comme des journalistes qui n’ont pu consulter le texte. Devant le tollé suscité par les échos des grandes lignes de la nouvelle Constitution et du contexte de son adoption, le président Faure Gnassingbé a demandé une relecture du texte arguant de sa “perfectibilité ». Une décision largement interprétée comme un rétropédalage, mais également comme une stratégie pour temporiser face à la levée de boucliers de la classe politique et de la société civile.

Dangers de la lumière sur le processus électoral

Alors que la sous-région Ouest-Africaine connait un éveil des consciences et que la jeunesse, majorité démographique, mais minorité sociale, exige d’avoir voix au chapitre, le contexte national togolais ne saurait faire exception au vent d’autodéterminisme et de souveraineté populaire qui souffle sur un espace en pleine ébullition politico-sociale. 

La lumière jetée sur la révision du 25 mars et la politisation croissante de la jeunesse embarrasse le pouvoir togolais et ses partenaires internationaux. Dans l’éventualité d’une mobilisation à l’intensité soutenue, de surcroît sous la vigilance constante des opinions publiques voisines, le processus électoral prévu s’ouvrir le 20 avril prochain s’annonçait comme une véritable gageure pour le régime, mettant en danger sa capacité à rassembler une majorité à l’issue d’un scrutin à la transparence contrainte par l’attention internationale. Autrement dit la concomitance entre l’adoption de la nouvelle Loi fondamentale et la campagne du double scrutin législatif et régional aurait permis à l’opposition de transformer le scrutin en un référendum constitutionnel et plus que jamais en un référendum pour ou contre le maintien de la dynastie Gnassingbé au pouvoir.

Le nouveau chronogramme des élections n’a pas encore été communiqué. 

Teria News  

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