L’épopée « Un timbre, une histoire » se poursuit et le timbre à l’honneur nous révèle un voilier, un bateau marchand dénommé « zodjagué » par les populations fon, littéralement traduit « le feu en mouvement vers le rivage ». Un symbole du jeu de dupes qui ouvrit la porte à la colonisation.
À partir du XVIIème siècle (période faste ayant rythmé les échanges entre les marchands européens et le Royaume du Danhomè), le ballet des bateaux marchands fut des plus remarquables sur nos côtes. Whydah ou Ouidah, province tributaire du pouvoir central Danhomè dont la capitale est Abomey, était stratégique de par son ouverture sur l’océan Atlantique et fut par conséquent, le premier port du Danhomè.
Le Roi Agadja (encore connu sous le pseudo de « Dossou Hounyito » par les populations autochtones c’est-à-dire « celui qui a saisi le voilier ») voulant étendre son hégémonie, avait besoin d’armes. Le troc d’esclaves contre des armes à feu vit alors le jour et fut florissant pour les marchands européens.
L’histoire rapporte que le premier contact avec les côtes Dahoméennes fut sulfureux et déclencha une vive altercation dans laquelle l’expédition européenne fut battue à plate couture et leur voilier fut un trophée de guerre, ce qui symbolisa dès lors l’emblème du Roi Agadja (Dossou Hounyito).
Petit à petit, les européens firent preuve de diplomatie et de ruse, pacifiant les rapports et prirent ancrage sur les côtes Dahoméennes à travers des comptoirs, forts et zones d’influence, abusant de la confiance des souverains du Danhomè à qui ils offraient des pacotilles (miroirs, bouteilles de liqueurs et autres) en signes d’amitié. Naïvement, ces derniers ne voyaient venir ce qui se tramait, notamment la colonisation.
Quand le pot au rose fut découvert avec le traité biaisé de Cotonou conclu sous le Roi Glèlè, il était déjà trop tard pour remettre les pendules à l’heure. Ainsi, nous avons connu la bataille de Zogbo à Cotonou et la résistance qui s’ensuivit sous le règne du Roi Béhanzin finalement déchu et déporté avec l’intention, peut-être naïve, d’aller négocier avec son homologue français, ce qui occasionna le pillage et le départ des œuvres culturelles du Danhomè par les mêmes voiliers sensés transporter dans leurs cales des esclaves au départ de nos côtes.
Le retour de certaines œuvres le 11 Novembre dernier, après 130 années, traduit une libération partielle de l’âme nationale. Cependant, elles représentent une goutte d’eau dans un océan de pillages dont a été victime la civilisation Dahoméenne, par abus de confiance.
L’Eveilleur de Conscience Panafricaine