10 casques bleus de la MINUSCA ont été blessés lundi, touchés par des tirs de la garde présidentielle, alors qu’ils approchaient la résidence du président Touadéra. Pourquoi les forces de sécurité se sont-elles senties menacées ? L’ONU dénonce une attaque « délibérée et inqualifiable ».
Alors qu’ils circulaient dans un bus, « les éléments de l’Unité de Police Constituée égyptienne ont essuyé des tirs nourris de la garde présidentielle sans sommation préalable ni riposte aucune, alors qu’ils n’étaient pas armés », a expliqué un communiqué de l’ONU. Dix casques bleus de la Mission des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA) ont été blessés, dont deux grièvement. La MINUSCA dénonce une attaque « délibérée et inqualifiable que rien ne justifie ».
Depuis 2018 et l’entrée en lice des paramilitaires russes de la société Wagner, le gouvernement Centrafricain est régulièrement critiqué pour laisser opérer sur son territoire des mercenaires aux méthodes polémiques. À plusieurs reprises réprouvées par l’ONU, sous l’impulsion de la France, les autorités Centrafricaines ont récemment reconnu les bavures des forces de Wagner. Toutefois, ces exactions ne constituent pas le fondement de la campagne de l’ONU, emmené par Paris, contre la présence de ces mercenaires, mais plutôt une rivalité entre la Russie et la France, ancienne métropole qui continue de se penser en puissance tutélaire. Dans ce bras de fer, Paris utilise tous les outils à sa disposition, notamment le Conseil de sécurité dont la Russie l’accuse de manipuler les rapports dans le cadre d’une campagne de dénigrement.
Si les tensions entre les forces pro-gouvernementales et la MINUSCA étaient palpables, l’incident de lundi révèle que les tensions politiques entre Bangui et l’ONU se sont matérialisées sur le terrain en hostilité ouverte entre les deux forces. Pis, il indique que les casques bleus sont désormais considérés comme des ennemis, voire comme menaçant directement le pouvoir central.
Le président Touadéra assistant actuellement à la COP 26, des instructions ont-elles été données ? Dans un tel climat de défiance, le bus transportant les casques bleus aurait-il franchi une limite de sécurité en s’approchant de la résidence du chef de l’État ? La garde présidentielle pourrait alors avoir estimé, qu’elle et l’autorité du président centrafricain, étaient menacées.
En quittant les abords de la résidence, le bus de la MINUSCA « a heurté une femme qui a perdu la vie ». Les troupes étaient arrivées dans la journée de l’aéroport, dans le cadre de la rotation des soldats de la force onusienne.
Teria News