Tournée africaine du président turc sur fond de bouleversements géopolitiques

C’est un habitué du circuit. Le président turc Recep Tayyip Erdogan entame une nouvelle tournée africaine dimanche 17 octobre. Nigéria, Angola et Togo seront les étapes de son parcours dans un contexte concurrentiel accru par la perte de terrain de la France en Afrique. Un partenariat gagnant-gagnant ?

Depuis 2004, tour à tour Premier ministre et président turc, Recep Tayyip Erdogan a fait des tournées sur le continent africain un exercice régulier. En tout, le « Sultan » aura visité 30 pays africains en 17 ans.

La ponctualité des tournées africaines de Recep Tayyip Erdogan est un indice tangible des ambitions de la Turquie en Afrique. Le nombre de représentations diplomatiques ouvertes sur le continent en est un autre : 43 en 2021 contre 12 en 2002, soit quasiment le triple. Et les résultats sont là : alors que le volume des échanges entre la Turquie et l’Afrique s’élevait à 5,4 milliards de dollars en 2003, il a atteint 25,3 milliards de dollars fin 2020.

Le président turc vise un volume commercial de 500 millions de dollars avec l’Angola, une densification des accords énergétiques, miniers et sécuritaires avec le Nigeria qu’il visite pour la deuxième fois depuis 2016 et avec le Togo, Recep Tayyip Erdogan entre par la grande porte dans l’ancien pré carré français. Une incursion sans doute observée de près par la France, d’autant plus aux aguets que la concurrence se fait rude avec les offensives chinoises et russes sur le continent. Afrique «anglophone», «lusophone» et «francophone», selon des catégories désuètes qu’il faudra réinventer, Recep Tayyip Erdogan aura diversifié ses semailles.

Si le président turc se rend en Afrique, ses homologues africains visitent aussi la Turquie. Ainsi, les 5 derniers chefs d’État reçus par Ankara sont issus du continent (Angola, Guinée, Soudan, Éthiopie et RDC). Il y a deux semaines, le président Erdogan s’est par ailleurs également entretenu avec Moussa Faki, président de la Commission de l’Union africaine.

Cette tournée intervient également en amont du 3ème Sommet de Coopération Turquie-Afrique prévu se tenir les 21 et 22 octobre prochain. Si l’Afrique n’a pas besoin de sauveurs, son émancipation passe notamment par une rupture des monopoles commerciaux aux relents néo-coloniaux. Toutefois, les nouveaux acteurs ne bénéficient pas de chèques en blanc. D’autant que l’exemple chinois, rachetant infrastructures et sous-sols africains avec l’appât des emprunts à taux zéro et l’abstinence quant à toute leçon de bonne gouvernance, est un avertissement, voire un épouvantail. À la diversification des partenariats et la non-ingérence, il faudra ajouter la réciprocité : à terme, autant de produits acceptés en Afrique que de produits africains exportés vers l’étranger, mais en attendant la transformation par le continent de ses matières premières, une compensation par des investissements afin que la somme des échanges reflète un partenariat gagnant-gagnant.

Teria News

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