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Mali/France : La guerre larvée sur fond de conflit informationnel

Accusée de violations répétées de l’espace aérien malien, d’espionnage et privée de ses relais d’opinion RFI et France 24, la France répond officiellement au Mali.

Jeudi, l’armée française est sortie de son silence pour démentir les accusations de violation de l’espace aérien du Mali. Dans un communiqué publié mardi, Bamako avait fait état de 50 cas délibérés de violation de son espace aérien et d’espionnage par des aéronefs et drones français. Les autorités de Transition dénoncent plus précisément, le refus d’obtempérer de l’armée française malgré les instructions des services de contrôle aérien, la falsification de documents de vol, les atterrissages d’hélicoptères dans des localités hors aérodromes, sans autorisation préalable formulées par le gouvernement malien.

Guerre d’information entre Paris et Bamako

« Les forces françaises qui sont déployées au Mali le sont dans le cadre d’un accord de stationnement de la force Serval qui date de mars 2013 et qui prévoit dans son article 5 une liberté de circulation, une liberté de mouvement pour les forces françaises et à aucun moment nous ne nous sommes rendus coupables de violations ou d’activité d’espionnage vis-à-vis des Maliens. », s’est justifié le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’état-major des armées françaises, lors d’un point de presse.

« Nous faisons face en permanence à des actions de désinformation, des campagnes de dénigrement et notre principale arme, c’est la transparence et montrer par les images. Si besoin, nous déclassifierons des informations relevant du renseignement militaire pour apporter la preuve de notre bonne foi et surtout contrer tous ces adversaires qui attaquent indument les armées françaises. », a poursuivi l’officier français.

« Quand on nous accuse de violation de l’espace aérien et de survol illégal de la zone de Gossi, le 19, le 20 et le 22 avril, on était dans notre bon droit puisque Gossi n’était pas dans la zone d’interdiction temporaire (ZIT) », a ajouté Pascal Ianni. « Toute une zone, incluant Gossi, avait été initialement interdite de survol le 13 janvier dernier car les mercenaires du groupe privé russe Wagner y opéraient au côté des forces armées maliennes (FAMa) », a-t-il expliqué.

Concernant le charnier de Gossi, ayant publié des images de drone montrant des soldats enterrant des corps, ce en amont des accusations maliennes, la France dénonce une mise en scène qui aurait été orchestrée par les FAMa et les combattants russes de Wagner.

Ce conflit informationnel est la manifestation la plus récente d’un pourrissement des relations franco-maliennes. Depuis le pivot stratégique vers la Russie, la Chine et l’Iran opéré par le Mali, ses rapports avec la France se détériorent à une rare vitesse. Malgré son retrait annoncé en février dernier, la présence militaire française cristallise toujours les tensions entre les deux États. Alors que Paris a avancé un chronogramme de 6 mois, Bamako a exigé le départ immédiat des troupes de Barkhane, de facto indésirables sur le territoire malien.

Répliquant aux déclarations françaises, ce vendredi, les autorités de Transition ont élargi la Zone d’interdiction temporaire (ZIT) créée le 14 avril, en faisant désormais un espace de plus de 1000 km, englobant Gossi et effleurant Gao, au-dessus duquel tout survol est interdit.

Annoncée le 16 mars, la suspension de RFI et France 24 a, par ailleurs, été définitivement actée par la Haute autorité de Communication du Mali mercredi 27 avril. Une décision contestée par France Média Monde, la maison mère des deux antennes. Rattachés au service public français, ces médias sont considérés par Bamako comme des relais d’opinion de Paris via des prises de position alignées sur les intérêts du Quai d’Orsay.

Teria News

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