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Centrafrique : Bancroft Global Development prêt à évincer Wagner ?

La société paramilitaire américaine Bancroft Global Development, déjà présente sur le terrain. Sur les traces de Wagner, elle devrait représenter les intérêts américains dans le pays. Objectif à terme : neutraliser et évincer l’armée de l’ombre du Kremlin que Washington ne saurait voir.

Dès mars 2023 les tractations secrètes entre les autorités américaines d’une part, et centrafricaines de l’autre, autour d’un renforcement de l’engagement budgétaire et militaire de Washington à l’égard de Bangui, sont révélées par plusieurs journaux. En substance, les États-Unis offriraient à la Centrafrique un accroissement de son aide budgétaire ainsi qu’une formation de ses forces de défense contre la réduction de l’empreinte du groupe paramilitaire russe Wagner dans le pays. Selon des indiscrétions du journal Le Monde, le sommet États-Unis – Afrique, organisé en décembre 2022, aurait servi de cadre à ces pourparlers. Si leur existence a, dans un premier temps, été démentie par Bangui, ils ont ensuite été confirmés par Fidèle Gouandjika, le ministre conseiller de Faustin Archange Touadera.

Toutefois, quelque mois plus tard, il ne sera plus question d’une implication directe de l’armée américaine, mais plutôt de l’arrivée d’une société paramilitaire réputée proche du département d’État. Bancroft Global Development, au double statut d’« ONG » et de société militaire privée, aurait conclu un accord formel de sécurité avec les autorités centrafricaines. Accord dont certains détails auraient été abordés lors d’une rencontre, tenue fin septembre, entre Michael Stock, le président/fondateur de Bancroft et le président Faustin-Archange Touadéra.   

Renforcer les capacités sécuritaires de Bangui

Sur le fond, en plus d’actions de lobbying en faveur de la Centrafrique, l’accord prévoit deux volets principaux. D’une part, l’établissement d’une coopération technique et de formation militaire afin de renforcer les capacités de Bangui dans la surveillance des mouvements transfrontaliers des groupes rebelles qui menacent son intégrité territoriale. Pour le moment écartée, une collaboration avec les Forces armées centrafricaines (FACA) semble toutefois, à terme, inévitable. D’autre part, la création et la formation par Bancroft Global Development d’une force armée spécialisée, chargée de lutter contre l’exploitation illégale des ressources minières du pays par des groupes armés et étrangers. Une référence aux accusations souvent portées contre Wagner, dont les combattant auraient, depuis leur arrivée en 2018, mis la main sur les ressources du pays, dont la mine d’or de Ndassima.

Reprise en main de Wagner par la Russie

Critiqué pour ses violations des droits humains, reconnues par les autorités centrafricaines et sa main mise sur certaines ressources forestières et minières de la Centrafrique, Wagner a été d’autant plus affaibli par la mort de son leader Evgueni Prigojine. Sa disparition a enclenché un transfert de pouvoir, le groupe paramilitaire passant sous la coupe du Kremlin. Cette restructuration de Wagner était justement l’objet de la visite du vice-ministre russe de la Défense, en septembre dernier. Iounous-Bek Yevkurov venait assurer ses partenaires centrafricains de l’engagement continu de Wagner, même sous l’ère post-Prigojine. Dans ce cadre et afin de répondre aux besoins d’autres théâtres comme le Mali, le ministère russe de la Défense travaille à la création d’un « corps africain ».

Jusqu’ici discrète dans la partie « francophone » du continent africain, Bancroft a déjà déployé ses capacités en Somalie, en Ouganda, au Kenya et en Libye. Citant plusieurs sources sécuritaires, rfi rapporte la présence de ses paramilitaires à Bangui.

Teria News

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