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La Russie et les BRICS disposés à coopérer avec l’AES

Moscou se dit prête à coopérer avec l’Alliance des États du Sahel. Une reconnaissance implicite de l’AES au lendemain de la sortie de Bamako, Ouagadougou et Niamey de la CEDEAO. Nouvel horizon économique de l’AES, une délégation des BRICS a été reçue mardi par le Premier ministre nigérien.  

Si elle a pris de court les dirigeants de la CEDEAO, c’était l’objectif visé. Alors que l’effet de surprise est toujours à l’œuvre, les tractations vont bon train entre émissaires de l’organisation et ceux dépêchés par les principales capitales d’Afrique de l’Ouest pour, selon le communiqué de la CEDEAO publié quelques heures après l’annonce de retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trouver une « solution négociée » à la crise historique que vit l’institution, un an avant le carrefour de ses 50 ans d’existence. De leur côté, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) multiplient les initiatives diplomatiques afin de nouer de nouveaux partenariats économiques et stratégiques à mêmes de soutenir le cap donné le 28 janvier et amorcé depuis plusieurs mois. Dans ce cadre, la Russie et les BRICS apparaissent comme des acteurs de choix.

Moscou pose une offre de coopération sur la table de l’AES

Si les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger « considèrent utile de s’adresser à la Russie pour établir une coopération [au niveau de l’AES], je pense que nous envisagerons [une telle possibilité] […] La Fédération de Russie a toujours prôné le développement des relations avec les organisations régionales et sous-régionales du continent africain »

Alexeï Saltykov, ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso

Formulée au lendemain de l’annonce par les pays de l’AES de leur sortie de la CEDEAO, l’offre de Moscou représente une reconnaissance implicite de l’Alliance, au moment précis où celle-ci s’autonomise du bloc sous-régional. Une première pour l’organisation depuis sa création le 16 septembre 2023 dans le contexte d’une menace d’intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger, au lendemain de la prise de pouvoir du CNSP à la faveur du coup d’État du 26 juillet. Exprimée par l’ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso et non directement par le Kremlin, elle amorce l’officialisation d’un rapprochement prudent de la Russie avec l’AES. Ainsi, tout en reconnaissant l’Alliance comme une « organisation sous-régionale », au même titre que la CEDEAO, Moscou ménage ses relations avec Abuja en attendant que soit acté le divorce d’avec l’AES.

Une délégation des BRICS à Niamey

Le 30 janvier, le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine a reçu une délégation des BRICS, en visite de travail à Niamey en présence des membres du CNSP. Après son élargissement à 6 nouveaux membres au 1er janvier 2024, la part des BRICS+ est passée à 45% de la population globale et 37.3% du PIB en termes de parité de pouvoir d’achat, contre respectivement 16.1% et 29.9% pour le G7. Si les exportations mondiales sont toujours dominées par le G7 (28.8% contre 23.4% pour les BRICS+), avec 38.3% contre 30.5%, la production industrielle elle, bascule en faveur du Sud. Par ailleurs, en termes de ressources, les BRICS+ revendiquent désormais 44.4% des réserves de pétrole contre à peine 3.5% pour le G7, et 79.2% de la production annuelle d’aluminium contre 1.3% pour le G7.

Le club fondé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud offrent un nouvel horizon économique à l’AES. Une alternative viable en termes d’échanges économiques et commerciaux, mais aussi de transfert de compétence et de formation à l’aune du bouleversement géopolitique que représente la rupture avec la CEDEAO, comme avec plusieurs partenaires occidentaux.

Teria News

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