Burkina Faso : la CEDH suspend l’extradition de François Compaoré

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a suspendu l’extradition de François Compaoré. Le frère du président renversé, Blaise Compaoré, doit être entendu par la justice Burkinabè dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998.

Les chances d’obtenir des réponses sont à nouveau hypothéquées pour la famille de Norbert Zongo. L’espoir suscité par la décision du Conseil d’État français qui, vendredi 30 juillet, avait validé l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, a été froissé par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Vendredi, la Cour a suspendu l’extraction de François Compaoré, le temps d’examiner l’affaire.

La CEDH se base sur des risques de torture

« La Cour a décidé d’indiquer au gouvernement français, en vertu de l’article 39 » du règlement de la CEDH qui régit les « mesures provisoires » , que Mr Compaoré « ne devrait pas être extradé vers le Burkina Faso pendant la durée de la procédure devant la Cour », a informé la juridiction. Toutefois, les mesures provisoires de la Cour « ne s’appliquent que lorsqu’il y a un risque imminent de dommage irréparable », explique la CEDH, qui ajoute qu’elles « ne présagent pas de ses décisions ultérieures sur la recevabilité ou sur le fond des affaires en question ».

La défense de François Compaoré s’est réjoui d’une « décision indépendante et impartiale ». « La position de la Cour, qui protège désormais Paul François Compaoré des traitements inhumains et dégradants auxquels il était exposé et lui assure un procès équitable, contredit avec éclat les déclarations du Président de la République française, l’avis de la Cour d’appel de Paris, l’arrêt de la Cour de cassation et l’arrêt du Conseil d’Etat français, […] hélas unanimes pour approuver cette mesure d’extradition », ont déclaré les avocats dans un communiqué.

Affaire Norbert Zongo non élucidée

Par ses révélations, Norbert Zongo dérangeait le pouvoir Compaoré. Le journaliste d’investigation était en effet célèbre pour avoir, à de multiples reprises, mis à jour la corruption du régime. Un courage qu’il a payé de sa vie. Son corps et celui de trois de ses compagnons ont été retrouvés calcinées dans le sud du Burkina Faso. Classée en 2006 après un non-lieu en faveur de François Compaoré, l’affaire a été rouverte après la chute de Blaise Compaoré.

À ce jour, François Compaoré n’est pas inculpé au Burkina Faso, contrairement à trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle, l’ancienne garde de Blaise Compaoré.

Teria News

Quitter la version mobile