AfriquePolitique

Incendie au Parlement Sud-Africain et derniers hommages à Desmond Tutu, une coïncidence ?

La ville du Cap retient son souffle. Après une brève accalmie, le feu a repris de plus belle dans l’enceinte du Parlement ce lundi. Déclenché au lendemain des funérailles de l’archevêque Desmond Tutu, l’incendie aurait-il une résonnance politique ?

Dans le contexte de la mort et de l’inhumation de Desmond Tutu au Cap, le Parlement Sud-Africain siégeant dans la ville portuaire a pris feu au petit matin du 2 janvier de cette nouvelle année. Datant de 1884, l’aile la plus ancienne du bâtiment fut la première touchée par le feu déclenché autour de 3h GMT. L’enceinte abritait jadis les représentants du peuple dans ses cloisons faites de bois précieux, où les flammes continuent jusqu’à présent de dicter leur loi. La présence de près de 70 pompiers n’aura pu empêcher l’aile originelle de brûler entièrement. « Le plafond s’est écroulé. Le feu était si intense dans cette partie du bâtiment que les pompiers ont dû évacuer pour éviter tout danger », a confié le porte-parole de l’institution, Moloto Mothapo. 

L’imposante bâtisse victorienne était composée de trois parties : un bâtiment abritant l’actuelle Assemblée nationale, un autre accueillant la chambre haute du Parlement ou Conseil national des provinces et la partie historique où avaient l’habitude de se réunir les parlementaires. 

Le Parlement s’éteint en même temps qu’un Libérateur de la nation

La proximité entre le Parlement et la cathédrale ayant accueilli l’office mortuaire du prix Nobel de la paix est déconcertante. La superstition populaire au sein de la communauté Noire l’identifierait à un signe du patriarche Tutu achevant de livrer sa dernière lutte de libération pour le salut de son peuple. Dernier Libérateur de l’oppression que fut l’apartheid à disparaitre, « The Arch » aurait, d’outre-tombe, porté un coup fatal à ce vestige d’une sombre période faite de ségrégations raciales et d’injustices sociales. En digne phare de sa communauté, l’âme de Desmond Tutu aurait embrasé la version authentique de l’hymne nationale Afrikaans ainsi que 4 mille œuvres parties en fumée, murmure la rumeur. Toutefois, selon le maire du Cap, Geordin Hill-Lewis, la collection unique de livres dans la bibliothèque n’a pas été touchée, comme si une vérité précieuse s’y cachait.

Sur le terrain, les autorités explorent la piste criminelle. Un homme qui se serait trouvé dans l’édifice au moment du déclenchement de l’incendie attend d’être présenté au procureur mardi. Cet incident pourrait ne jamais être élucidé bien qu’un rapport ait été transmis au Président dans les 24 heures.

« Le Parlement poursuivra son travail », a assuré Cyril Ramaphosa qui s’apprêtait à y prononcer son discours annuel sur l’Etat de la nation.  

Ainsi naîtra un Parlement nouveau sur les ruines de celui qui fut le théâtre de l’apartheid dont les séquelles psychologiques demeurent béantes au sein de la communauté Noire toujours en proie à la pauvreté, aux inégalités d’accès à l’éducation, à la criminalité et aux émeutes comme celles qui firent éruption en juillet 2021 après l’incarcération de l’ancien chef d’État Jacob Zuma, sur fond de frustrations sociales accrues par la pandémie de Covid-19.

Après avoir totalement détruit l’enceinte de l’Assemblée nationale, l’incendie ravageur a violemment repris lundi après-midi.

Teria News

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page