États-Unis : coupable d’agression sexuelle, Bill Cosby a été libéré

Condamné pour agression sexuelle, le comédien Bill Cosby a été remis en liberté mercredi, suite à l’annulation du jugement par la Cour suprême de Pennsylvanie. Un camouflet pour les victimes et un revers pour le mouvement #MeToo.

Son V de la victoire brandit devant son domicile semble une provocation visant à narguer ses victimes. C’est la justice que l’on ne comprend pas. Difficile d’accepter la machine technique, souvent froide des procédures et des vices de forme. C’est elle qui a concédé la libération de Bill Cosby, icône de la télévision, figure paternelle et bienveillante grâce à son rôle titre dans le Cosby show, devenu un modèle du prédateur sexuel. Rien de moins pour celui qui a été publiquement accusé par une soixantaine de femmes d’agressions sexuelles et dans certains cas de viol.

Grâce aux règles de prescription, autre technicité légale, seule l’agression sexuelle d’Andrea Constand en 2004 avait pu conduire à des poursuites judiciaires. 60 femmes s’étaient succédées à la barre au bout d’un procès de trois semaines. Quelques années plus tôt, en juillet 2015, 35 victimes présumées de Bill Cosby avaient témoigné auprès du New York Magazine. Notons que dans le cadre d’un accord à l’amiable, Bill Cosby avait déjà versé 3,38 millions de dollars à la victime.

Le vice de forme

« Les condamnations et les peines infligées à Bill Cosby sont annulées et il doit être libéré », a écrit la haute juridiction de l’État de Pennsylvanie.

Le premier procureur en charge du dossier avait incité Bill Cosby à témoigner dans une procédure civile, tout en décidant de ne pas le poursuivre sur le plan pénal. Le témoignage de l’acteur avait ensuite été utilisé contre lui lors de son procès, considéré par la Cour suprême de Pennsylvanie comme un « affront au principe fondamental d’équité ».

Un revers pour le mouvement #MeToo

À aujourd’hui 83 ans, Bill Cosby était le premier poids lourd du starsystème à tomber, emporté par la vague #MeToo, mouvement de libération de la parole des victimes d’agressions sexuelles. L’acteur, qui continue de nier les faits, a purgé plus de deux ans d’une peine de trois à dix ans dans une prison d’État près de Philadelphie. Il avait déclaré préférer purger 10 ans de prison plutôt que d’éprouver une once de remord.

« Je n’ai jamais changé de position ni d’histoire. J’ai toujours maintenu que j’étais innocent. Merci à tous mes fans, supporters et amis qui m’ont soutenu dans cette épreuve. Remerciements particuliers à la Cour suprême de Pennsylvanie pour avoir fait respecter la primauté du droit. », a twitté Bill Cosby.

Le procureur Kevin Steele, à l’origine des poursuites, a réagi dans un communiqué : « J’espère que cette décision ne va pas dissuader les victimes de signaler des agressions sexuelles. » « Nous considérons toujours que nul n’est au-dessus de la loi, y compris ceux qui sont riches, célèbres et puissants. », a-t-il poursuivi.

Avec son incarcération et sa libération pour vice de forme, le procès de Bill Cosby soulève à lui seul des questionnements difficiles autour du mouvement #MeToo. D’une part, la libération de la parole des victimes d’agressions et de harcèlement sexuels est une victoire aussi sociétale qu’historique. D’autre part, les procès médiatiques et la vindicte populaire ont parfois pris la justice à la gorge. Le cas Bill Cosby révèle la tension entre indignation populaire et État de droit.

Teria News

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