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Le Nigéria accélère l’exploitation de son lithium

C’est le pétrole de demain, indispensable à la transition énergétique. Le Nigéria accélère la production de son lithium. Ce métal devrait « contrôler de manière significative la richesse mondiale » et renforcer le positionnement stratégique du Nigéria. Mais cette nouvelle ruée vers l’Afrique pose l’urgence de la transformation locale afin de créer de la valeur sur le continent.

Impératif de l’action publique au regard de l’accélération du réchauffement climatique, la transition énergétique vise la décarbonation des sources d’énergie. Portée par les pays développés, principaux émetteurs de gaz à effet de serre, elle s’appuie toutefois sur des ressources produites par le Sud et en particulier, l’Afrique. Lithium, cobalt, manganèse, graphite et nickel pour les batteries, terres rares pour les moteurs électriques, le sous-sol du continent est au cœur de la transition énergétique et, par conséquent, des appétits des multinationales extractrices.

Si la République Démocratique du Congo est souvent citée parmi les États clés dans la course aux minerais de demain, le Nigéria n’est pas en reste. Le pays regorge notamment de manganèse, de nickel et de lithium, un potentiel minier estimé à 700 milliards de dollars, selon le fonds souverain minier nigérian (Solid Minerals Development Fund, SMDF).

Partenariat avec une multinationale canadienne

« Nous considérons que le potentiel pratiquement inexploité du lithium au Nigeria est une opportunité trop belle pour être manquée »

Segun Lawson, PDG de Thor Explorations

Fin mai, la compagnie minière canadienne Thor Explorations a annoncé avoir obtenu des concessions minières au Nigéria. La multinationale prévoit y développer une mine de lithium d’envergure. Situées dans les États de Kwara et d’Ekiti (Sud-ouest), les concessions sont regroupées sous le projet de lithium West Oyo.

Allié au cobalt ou à l’aluminium, le lithium est indispensable à la fabrication des batteries de véhicules électriques, piles, batteries de téléphone, ordinateurs ou encore de caméras digitales. La production globale a bondi de 28,100 tonnes métriques en 2010 pour s’établir à 86,000 tonnes métriques en 2019.

Le défi de la transformation locale

« Le lithium est le nouveau pétrole qui pourrait contrôler de manière significative la richesse mondiale et l’économie des nations dans les décennies à venir »

Uba Sa’idu Malami, président du Conseil d’administration du SMDF

Les concessions accordées aux multinationales pour l’extraction de ces minerais interpellent à nouveau les décideurs politiques sur la transformation locale de ces ressources. À cet égard, la Namibie vient de s’illustrer par une action qui fera date. Le 8 juin, le pays a en effet décidé d’interdire les exportations de minerai de lithium et d’autres métaux critiques à la transition énergétique, comme le graphite, le cobalt ou le manganèse, n’ayant pas été transformés localement.

Précurseur d’un nouveau rapport aux pays riches importateurs, le modèle namibien devrait faire tache d’huile sur le continent pour créer de véritables industries locales et de la valeur en Afrique afin d’accroitre la part reversée au pays, que ce soit à la puissance publique ou directement aux individus, notamment via la création d’emplois.

C’est précisément sur ce point qu’ont achoppé les négociations entre le Nigéria et le groupe Tesla sur l’exploitation des mines de lithium situées dans l’État de Kaduna (nord). Coiffant Tesla au poteau, en début d’année, le groupe chinois Ming Xin Mineral Separation Nig Ltd (MXMS) s’est vu accorder la première concession de lithium du pays, 5 mois après que les autorités nigérianes aient annoncé avoir rejeté la proposition de Tesla. Le groupe d’Elon Musk ne satisfaisait pas aux nouvelles politiques minières du pays qui exige désormais que les entreprises extractrices à ajoutent localement de la valeur. « Notre nouvelle politique minière exige que vous ajoutiez de la valeur aux minerais bruts, y compris le lithium, avant de l’exporter pour créer des emplois et développer des industries […] Ils n’ont pas à transformer les minerais en produits finis. Nous leur demandons seulement d’ajouter de la valeur avant d’exporter. », a alors expliqué Ayodeji Adeyemi, Adjoint spécial au ministre des mines et de la sidérurgie.

Un changement de paradigme urgent. En effet, malgré un potentiel de 700 milliards de dollars, le secteur minier n’a contribué qu’à hauteur de 0,45% au PIB nigérian, en 2020.

Teria News

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