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Le Bénin lève la suspension des importations vers le Niger

Le port de Cotonou lève la suspension des importations vers le Niger. Avant la levée graduelle des sanctions décrétées par la CEDEAO au lendemain du coup d’État du 26 juillet, le Bénin prend les devants. Un rétropédalage qui intervient après l’ouverture manifestée par le président Patrice Talon lors de son discours sur l’état de la Nation. Une mesure trop tardive ?

Deux mois après avoir suspendu l’importation des marchandises à destination du Niger, les autorités béninoises ouvrent à nouveau leur accès à la mer au Niger. Aussitôt voté par la CEDEAO dans la foulée du coup de force du CNSP, l’embargo total contre le Niger a été implémenté par Cotonou qui, a ainsi privé les opérateurs économiques nigériens de son port, jusque-là, et de loin, privilégié pour sa proximité. Mais entre-temps, les nouvelles autorités militaires de Niamey ont rebondi en snobant leur voisin immédiat pour lui préférer son rival togolais. Ainsi, devant l’intransigeance du Bénin, le port de Lomé semble avoir raflé la mise.

Une brouille diplomatique aux conséquences durables

« Au regard de l’amélioration substantielle des conditions opérationnelles de traitement des marchandises au port de Cotonou, notamment la réduction du taux de congestion, il est procédé à la levée de la mesure relative à la suspension au port de Cotonou, des importations des marchandises à destination du Niger. »

Communiqué du Port autonome de Cotonou

Au cours de sa rencontre avec Faure Gnassingbé, vendredi 8 décembre, les deux hommes ont décidé de renforcer la coopération bilatérale entre le Togo et le Niger « en matière de transit et de transport sur le corridor Lomé-Ouagadougou-Niamey », mettant sur la touche le port autonome de Cotonou dont le dynamisme dépend en grande partie des importateurs nigériens, en témoigne le coup d’arrêt porté par la mise en œuvre des sanctions communautaires sur ses activités.

Alors que les négociations devant aboutir à une levée graduelle des sanctions de la CEDEAO ont à peine débuté, cette mesure vient anticiper la fin de l’embargo, pourtant encore conditionné à la conclusion d’un accord sur un calendrier consensuel de Transition ainsi qu’à la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum, toujours détenu par le CNSP nigérien.

Une mesure trop tardive ?

Intervenue une semaine après le discours sur l’état de la Nation prononcé par Patrice Talon jeudi 21 décembre où il avait exprimé « sa volonté de normaliser rapidement ses relations avec les pays où les coups d’État sont intervenus » et après son entretien télévisé du samedi 23 décembre, la levée béninoise de la suspension des importations vers le Niger acte la volonté d’ouverture affichée par le chef du palais de la Marina. Pourtant, ce dernier avait été un des plus fervents défenseurs de l’option de la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger suite au putsch du 26 juillet. Une raideur qui pourrait marquer durablement les relations entre Cotonou et Niamey, bien au-delà de la levée de l’embargo communautaire.

Si le CNSP s’est résolu à inaugurer, début novembre, le pipeline qui consacre le transit de l’or noir nigérien des champs pétroliers d’Agadem au port de Sèmè-Podji, ce ne fut pas avant d’avoir, au préalable, cherché à contourner son voisin. Aussi vaine que couteuse, les tentatives des nouvelles autorités militaires de Niamey se sont heurtées au principe de réalisme sur lequel comptait Cotonou. Toutefois, le Bénin pourrait devoir se « contenter » de la manne issue des droits de transit du pétrole nigérien, soit 490 millions de dollars de recettes fiscales sur 20 ans. Le boycott par les nigériens du port de Cotonou à moyen et long terme, marquerait ainsi un sévère échec diplomatique pour le Bénin.

Teria News

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