Si adopté, le projet de loi ouvrira la voie au retour de 26 œuvres au Bénin et d’un sabre au Sénégal.
Ce « projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal », si adopté permettra le retour au Sénégal du sabre d’El- Hadj Oumar Tall (1794-1864 environ) par transfert de propriété. Pour contourner le principe d’inaliénabilité du patrimoine culturel français, l’objet a été cédé Sénégal sous forme de prêt (d’une durée de 5 ans). En novembre 2019, au cours d’une visite de l’ancien Premier ministre français Edouard Philippe à Dakar, le sabre est passé de ses mains à celles du Président sénégalais Macky Sall. Le souverain El- Hadj Oumar Tall est le fondateur de l’empire Toucouleur, recouvrant la superficie actuelle de la Guinée, du Sénégal et du Mali. Chef de guerre, son règne est marqué par l’accélération des conquêtes militaires françaises. Ses descendants ont à leur tour remis le sabre au directeur du Musée des Civilisations noires de Dakar.
Le texte ouvrira également la voie à la restitution au Bénin de 26 œuvres dérobées au roi Béhanzin (1845-1906) durant la conquête coloniale par le général Dodds. Le roi du Dahomey est une des figures les plus illustres de la résistance au colon. Il signe sa reddition le 15 janvier 1894 après son historique discours d’adieu à son peuple, auquel il annonce se rendre en France rencontrer « le roi des français », alors le président Sadi Carnot, pour négocier une paix de souverain à souverain. Trompé par les français, il ne reverra jamais le Dahomey et décède à Alger. Ce n’est qu’en 1928 que son fils Ouanilo obtient le retour des cendres du roi Béhanzin à Abomey.
Ces restitutions sont le résultat de requêtes formulées par les présidents béninois Patrice Talon et sénégalais Macky Sall. Elles ont été suivies par un désir formulé par Emmanuel Macron en 2017 à Ouagadougou. Le Président français avait alors souhaité que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour restituer de façon temporaire ou définitive des œuvres pillés à l’Afrique.
Pour le moment, le processus de restitution semble gelé à ces œuvres du Bénin et du Sénégal. Rappelons que la parole donnée par Emmanuel Macron avait provoqué l’ire du milieu des professionnels de l’art, horrifiés devant la possibilité de devoir se défaire d’objets admirés par des amateurs venant du monde entier. Aussi, les autorités françaises ne parlent-elles plus si volontiers de restitutions, mais préfèrent la formule « circulation des œuvres ».
Pour l’Elysée, le dossier béninois est « le processus le plus emblématique de ce qu’on veut faire, c’est-à-dire pas seulement restituer des objets mais aussi en faire le support d’un partenariat culturel renouvelé ».
La loi pourrait être adoptée d’ici la fin de cette année. Toujours en construction, il est prévu que le musée d’Abomey les accueille en 2020.
Teria News