La République démocratique du Congo (RDC) célèbre ses 60 ans d’indépendance

Après le Togo, le Sénégal ou encore le Cameroun, comme 17 pays africains en 2020, la République démocratique du Congo (RDC) célèbre ses 60 ans d’indépendance. Un 30 juin 2020 également évoqué par le colon belge, dont les statues de Léopold II sont menacées de déboulonnage.

Le 27 janvier 1960, leaders politiques congolais et délégués belges se sont rassemblés pour arrêter la date qui marquera la libération du Congo de plus de soixante-quinze ans de joug colonial belge. Ce 27 juin consacrait la fin d’une table ronde faite d’âpres négociations étalées sur plusieurs semaines, au bout desquelles le Congo s’émancipera du Royaume de Belgique. Patrice Lumumba, assassiné en 1961 à la faveur d’un complot ourdi par ses rivaux politiques, la Belgique et la CIA, devient premier Premier ministre de la République démocratique du Congo.

Sur la scène internationale, dans le sillage du mouvement « Black lives matter », dont les braises ont été ravivées par le meurtre il y a un mois de l’Afro-américain George Floyd, et qui a déclenché un débat sur le passé colonial des pays occidentaux, cet anniversaire a été saisi par le roi Philippe de Belgique pour transmettre ses regrets. « Il faut pouvoir se parler de notre longue histoire commune en toute vérité et en toute sérénité » a-t-il écrit ce mardi matin au président Félix Tshisekedi. Dans une lettre adressée au dernier, le roi des Philippe évoque deux parties de l’exploitation belge. La première, celle de l’État indépendant du Congo, de 1885 à 1908. Pendant cette période, Léopold II, arrière-arrière-grand-père de l’actuel roi, s’était approprié le Congo, « tombé » dans le « domaine royal » en 1885, après la bénédiction de la conférence de Berlin (1884-1885). La convoitise de Léopold II avait été éveillée par les travaux de l’explorateur britannique Henry Morton Stanley, qui avait repéré les richesses du Congo. L’exploitation du sous-sol congolais s’est faite au prix du sang des congolais contraints au travail forcé. Le roi Philippe place cette partie de l’histoire sous le sigle de « réalisations communes », mais qui a aussi connu « des épisodes douloureux », des violences et des cruautés. Concernant la période coloniale, après 1908, le souverain belge parle de « souffrances » et d' »humiliations ». Il ajoute vouloir « combattre toutes les formes de racisme » et encourager « la réflexion qui est entamée par notre parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée ».

En effet, dans une tentative d’apaiser le climat social, une commission parlementaire devrait prochainement être mise sur pied en Belgique concernant le passé colonial belge. Un acte que la RDC doit saisir comme une occasion de prendre le colon de court pour dire sa propre histoire et à imposer son récit sur la colonisation belge.

Avec cette lettre le roi des Belges se reconnaît héritier de ce passé sombre, mais aussi, de facto, acteur du débat sur la contestation des symboles glorifiant le passé colonial de la Belgique, dont son aïeul Léopold II est la principale cible. En effet, nombreux sont les belges, descendants congolais qui réclament la tête de Léopold II et assaillent depuis plusieurs semaines ses représentations publiques à travers la Belgique, dans un mouvement global de déboulonnages des statues de bourreaux du peuple Noir.

Cette sortie pose une énième fois la question de la pertinence des regrets et excuses des dirigeants présents pour les crimes passés de leurs ancêtres, et ici en particulier, celle de leur opportunité ou opportunisme politique… Si elle parvient à trouver quelque écho en Belgique, grandes sont les chances qu’elle ne résonne que très faiblement en RDC, où les populations sont soumises à des défis sanitaires, sécuritaires et de développement, épargnés à la Belgique par leur riche sous-sol, pillé hier comme aujourd’hui par les mêmes puissances étrangères.

Que peuvent-ils proposer alors? Un projet concret de réparations et la restauration dans les manuels scolaires des faits historiques qui dérangent l’histoire des vainqueurs.

Teria News

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